Holy shit !
5.4
Holy shit !

Film de Lukas Rinker (2022)

Le huit-clos est un exercice périlleux qui requiert un acteur talentueux ainsi qu’un scénario inventif pour savoir se renouveler sous peine de rapidement virer à l’ennui ferme et polie. James Franco tentait de dégager son bras d’un rocher dans 127 heures, Sam Rockwell faisait mine de s’occuper en attendant la relève dans la base isolée de Moon, quand Ryan Reynolds nous faisait suffoquer dans son cercueil enterré huit pied sous terre dans Buried. L’idée du chiotte n’est pas nouvelle en soit puisque Shinya Tsukamoto l’avait déjà abordé dans le cadre d’un moyen métrage de claustration tourné en DV intitulé Haze, où il se contorsionné pour se faufiler dans des canalisations plus étroites que le sphincter d’une bonne sœur. Imaginez maintenant vous retrouver coincer dans un toilette mobile qu’on aurai renversé, c’est exactement ce qui va arriver à Franck Lamm qui va se réveiller le bras empalé sur une tige de ferraille rouillée. En plus d’une douleur vive et d’une position vraiment inconfortable, pisse et chiasse lui dégouline littéralement sur le visage, sans parler des risques de septicémie que cela peut engendrer avec l’infestation de la plaie. L’environnement sent le caca, et comme ci la situation n’était pas déjà assez humiliante comme ça, l’abattant de WC qui lui sert de compagnie ne peut pas s’empêcher de se moquer de lui. Franck doit néanmoins se dépêcher de sortir d’ici parce que dans 80 minutes, le promoteur immobilier que l’on entend au micro va faire démolir tout le chantier pour y bâtir un magnifique complexe hôtelier.


Franck va bien sûr tenter de joindre des secours pour se sortir de cette situation, mais son portable se retrouve engoncé dans un vieux tas de merde, la porte de la cabine est cadenassée, et Horst son patron l’ignore sciemment puisqu’il a provoqué cet accident. En plus de cela, il utilise un brouilleur de données pour l’empêcher d’alerter les autorités. L’Architecte ne peut donc compter que sur ses talents de MacGyver pour se sortir de ce foutu merdier et pour cela il y a tout ce qu’il faut à simple portée de main, des outils, un briquet et même un couteau pour se trancher le bras, mais lui préfère tenter sa chance en jetant des objets sur le gros bouton rouge qui pourrait arrêter le compte à rebours. Et figurez-vous qu’il va y arriver grâce à un habile lancé de godasse de sécurité. Chose surprenante le ton est plutôt premier degrés, et c’est ce qui fait d’ailleurs l’intérêt de ce récit qui sinon deviendrai bien vite aberrant au vu de ses incongruités. L’emploi de flash-back permet non seulement de meubler mais aussi de dévoiler les circonstances l’ayant mené à se retrouver dans cette merde. Grossomerdo il s’agit d’une histoire de gros sous et de hibou (une espèce protégé) empêchant la destruction du site.


Dommage que le film se vautre par la suite dans le second degrés. Parce que c’est à la suspension consentie d’incrédulité que se heurte Holy Shit !, celle d’un architecte cadre supérieur qui porte une Casio de prolo et perd un temps précieux à tracer des croquis, celle d’une mise à feu constamment retarder pour des prétextes fallacieux si ce n’est celui de faire durer le plaisir, celle d’un artificier aussi figé qu’un cône de chantier alors qu’il lui suffirait de faire 2 mètres pour empêcher le détonateur de s’enclencher, celle d’une cabine en plastique indestructible et ignifugée, ou bien celle de deux idiots de flics incompétents qui laisse tout le loisir à Horst de les éliminer et de débiter son plan machiavélique avant de se farcir la dynamite à bout portant. C’est d’ailleurs le plus gros problème du film, des échafaudages scénaristiques visant à accentuer artificiellement la tension qui n’avait pas forcément besoin de ça pour exister parce que Lukas Rinker parvient habillement à se cantonner aux limites de son champ de vision et que les qualités intrinsèques de l’action suffisent à gommer la plupart de ses inepties, notamment par la cruauté jubilatoire du méchant qui vire allègrement à la torture psychologique grâce à l’emploi d’un cocufiage cauchemardesque sur fond de musique pop onirique, des scènes gore et trash et des répliques putassières qui savent systématiquement faire mouche même en français grâce à l’interprétation de Gedeon Burkhard en promoteur crapuleux et surtout Thomas Niehaus qui communique parfaitement le sentiment de claustration et de dégoût que l’on ressent devant cette tempête d’excrément. À la fin on a réellement le sentiment d’être au bout du rouleau.

Le-Roy-du-Bis
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le 27 juil. 2023

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Le Roy du Bis

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