En 1991, Spielberg traversait une phase de doutes existentiels, et semblait avoir perdu "le knack", ce sens inné du spectacle consensuel qui lui avait permis de peupler la décennie précédente de chefs d'œuvre réellement universels. Il tente avec "Hook" son premier véritable film pour enfants, qui dissimule (mais pas trop) un questionnement sur l'essence de la paternité, qui n'est certes pas nouveau, mais qui s'exacerbe avec ce qu'on pourrait qualifier trivialement de "crise de la quarantaine" : qu'est-ce qui fait un bon père ? Serais-je choisi par mes enfants s'ils étaient libres de ce choix ?
Ce n'est bien entendu pas un mauvais sujet, si "Hook" ne succombait sous le poids de décors hideux, de scènes par trop sentimentales et convenues, et - à notre avis - de terribles erreurs de casting : à la différence d'un Hoffman ou d'un Hoskins, tous deux réjouissants lorsqu'ils poussent tous les curseurs dans la zone rouge, ni Julia Roberts - sans doute un coup de casting hollywoodien peu digne de Spielberg, ni surtout Robin Williams n'arrivent à faire fonctionner leurs personnages. Entre des préoccupations - celle du réalisateur - sans doute trop irrémédiablement terre-à-terre, que Williams peine à incarner, et les parti pris fantaisistes de l'oeuvre de Barrie qui sert de point de départ au film, "Hook" ne trouve jamais sa voie.
[Critique écrite en 2009]