Hors Normes : un film d'oubliés à ne pas oublier

Nous avions eu la colonie de vacances, le mariage chic mais tout en sobriété, le quotidien d’un immigré en France et celui d’un homme qui malgré son argent ne pourrait plus jamais se lever. Se dresser, c’est ce que fait ici l’inqualifiable duo Toledano-Nakache en s’emparant à nouveau d’un sujet de société trop souvent oublié, la vie des autistes en France. Car se sont ces sujets, parfois bouleversants, dont aiment traiter les deux réalisateurs avec souvent beaucoup de justesse. Hors Normes n’est pas un film hors normes, il est simplement sincère, beau et porté par des acteurs surprenant dans leurs rôles. Le deuxième duo de cette histoire sont évidemment Vincent Cassel et Reda Kateb, Bruno et Malik qui à bout de bras et bien souvent à bout de force portent leur combat, leur association mais aussi une cause juste et noble dans un pays qui semble indifférent au sort de ses concitoyens différents, de ses concitoyens hors normes.


Cette maladie qu’est l’autisme fait d’eux des individus ne rentrant ni dans des cases, ni dans la normalité d’une société ou tout semble si facilement joué d’avance. Il n’y a aucun avenir pour ces gens la serait-on tenté de répondre avant même le visionnage du film. C’est exactement le message inverse que veulent nous faire passer les réalisateurs. À travers ce scénario juste, nous nous infiltrons non sans pudeur dans ce monde associatif, remarquable qui, en dépit de toute aide, et parfois même de toute reconnaissance, rend à ces gens un avenir possible.


Mais que l’on ne s’y trompe pas, les vrais héros du film ce sont les Joseph, Valentin et le centaines d’autres malades qui font face au poids de la normalité. Les oubliés sont aussi les éducateurs, ici vue comme un échappatoire pour beaucoup, faisant face à ce mode tout sauf normal.


Hors Normes exploite parfaitement la dualité manichéenne entre les associations peinant à respirer et une administration déconnectée qui chaque jour, les étouffe un peu plus. Vu sous le prisme de la comparaison du chevalier blanc et du chevalier noir, ce combat prend tout son sens tout au long de cette oeuvre cinématographique. Les métaphores scénaristiques sont nombreuses, le signal d’alarme tiré par l’attachant Joseph, la fuite du jeune Valentin comme pour fuir un déni de la France sur cette question. Pas de place à l’amour platonique et romantique dans ce film, car le seul amour, le seul attachement dont il est question est celui des éducateurs envers les pensionnaires, pensionnaires d’une maladie qui leur échappe.


Ce film est bouleversant et la partition, encore une fois très juste, vient nous rappeler l’importance du sujet non sans bonheur et compassion.
Décidément Oliver Nakache et Eric Toledano excellent dans les histoires de sujets importants, essentiels et bien souvent oubliés.

VictorNoquero
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le 3 oct. 2020

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