Si six scies scient six cyprès six cent six scies scient six cent six cyprès

Le langage chez Herzog. Thème plus récurant qu'il n'y parait, lente et balbutiante dans L'Enigme de Kaspar Hausser, enragé et manipulatrice dans Fric et Foi, nouvelle et laborieuse dans Au Pays du silence et de l'obscurité ou bien révélatrice d'une scission, d'une compréhension entre deux peuples impossible dans Le Pays où rêvent les fourmis vertes. Ici Herzog nous mène dans les extrémité du langage, des hommes l'ayant tellement maitrisé qu'il arrive à créer avec non pas des mots mais par une rythmique une poésie du langage.


Le thème pourrait prêter à rire, une compétition de prêteur sur gage de vaches en Pennsylvanie. On aura put anticiper une approche presque moqueuse, nihiliste chez Herzog. Mais il n'en ai rien, il film ceci avec le plus grand sérieux et avec un réel intérêt sur ces gentils fous.
Car au début quand l'on entend du gagnant de la compétition : "J'ai rêvé depuis 6 ans de gagner ce prix", on a de quoi pouffer de rire.


Mais dès le début une certaine fascination ce passe sur ces personnes. Comment ont-ils pu atteindre une telle maîtrise ? En voyant passer plusieurs candidats l'on s'étonne d'y trouver différentes rythmiques, presque comme un concert ou différents chanteurs passent pour délivrer leurs arts. Au final, une grâce ce créée dans ses transes linguistiques. Une poésie émerge d'une pratique que l'on aurait put qualifier de fantasque, risible, folle...


Et c'est là où le film m'a surpris. C'est son aspect totalement Herzogien. Avec un thème pareil je m'attendais à un film mineur, à part dans sa filmographie. Mais non, le film reprend à ma grande surprise tout les thèmes d'Herzog, la folie, la passion, la démesure, la nature aussi avec ce début sur les Amisch filmé comme une tribus aborigène. Peuple autochtone coupé du monde et de ses problèmes. Filmé non pas avec moquerie mais avec un réel intérêt.


Il filme l'Amérique sous un angle nouveau, propre au cinéaste. Il arrive à dépayser avec pourtant des lieux qu'on a vu 100 fois ailleurs. Il donne l'impression que l'on a jamais vu ces gens, qu'on redécouvre ce pays paradoxalement en la filmant comme tout ces autres films.
Certes le film est mineur, mais il n'en reste pas moins passionnant déjà par les prestations ahurissantes qui défilent sous nos yeux mais aussi par l'aspect purement herzogien du métrage dans ses thèmes, sa forme, ainsi que l'étonnement que me procurera toujours Herzog à me faire découvrir sous un jour nouveau des choses que je pensais connaître.
Un regard à part dans le monde du cinéma qui arrive à rendre les choses insignifiantes majestueuses.

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le 23 janv. 2021

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