Hulk par Crockett

Le film d'Ang Lee est un grand film de superhéros dans la mesure où il synthétise le temps d'un unique opus l'ensemble des thèmes propres au genre, à savoir les questionnements identitaires, le rejet et par conséquent la réflexion sur la monstruosité; mais aussi l'explosion du socle familial ou encore l'affirmation de la virilité. Il me semble également qu'Hulk est un très grand film freudien, chose que l'on voit peu. C'est le cas de Superman mais Hulk repousse ces limites là, en faisant de l'évolution psychique de l'enfant le cœur du film.
Chaque personnage gravitant autour de Bruce est pensé pour servir une dynamique parentale. Betty est un substitut maternel dont l'efficacité est évidente (volonté de protection de l'instance maternelle par l'enfant, annihilation des pulsions et de l'agressivité, mécanisme de transformation). David, le père qu'il faut tuer; source de tous les tourments. Sur le fond, c'est vraiment ce que j'ai vu de plus abouti.

Par ailleurs, j'adore la fluidité et la justesse de la mise en scène. La rythmique visuelle du film est calquée sur Bruce. Calme et réfléchie lorsqu'il est lui même. En effervescence, sauvage et démesurée dès qu'il devient Hulk. D'où l'utilisation du split screen comme mode de narration en plus de provoquer un effet comic book. J'aime les partis pris du film et la ligne de conduite à laquelle Ang Lee s'est tenu.