Very glad trip.
“Don’t believe the truth !” assène l’un des comparses lors de l’enterrement qui ouvre le film, programme intriguant si l’on se réfère au cinéma vérité et puissamment authentique de Cassavetes...
le 18 mai 2015
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9
En 2h16 (version longue), Husbands dresse un portrait franchement peu reluisant de ces quadras qui n’arrivent qu’à s’évader de leur prison conformiste qu’en se soûlant à mort et en tentant désespérément de reconquérir leur virilité dans des bras plus jeunes, plus désirables. Ceux des femmes qu’ils veulent évidemment posséder à condition qu’elles ne les confrontent pas à leur solitude, à leur misère sexuelle, à leur médiocrité d’hommes frustrés et de maris absents. Sinon leur posture vacille, s’affaisse, ils sont pathétiques et ridicules, deviennent abjects et violents.
Mais ce qui fait la singularité d’Husbands, c’est le temps, ou plutôt sa dilatation, son étirement pour à chaque fois frôler, sinon carrément dépasser, les limites du supportable. Toutes les dimensions de la beuverie sont explorées avec un réalisme sans fard, de plus en plus gênant : la candeur des premières heures de l’ivresse, l’affaissement des corps en pleine torpeur, la cruauté et la brutalité des haussements de ton qui surgissent sans filtre au bord de l’abîme absolu de la conscience, et finir par la trivialité écœurante du vomi dans les chiottes.
Film éprouvant, Husbands explore le choix radical de se concentrer uniquement sur l’instant présent, voulant sans cesse sortir de force ses personnages de leur zone de confort, de leurs habitudes de petits bourgeois pépères de famille en banlieue pavillonnaire dans le froid glacial new-yorkais ou sous la pluie battante londonienne. Plongés dans le formol depuis trop longtemps, Harry, Gus et Archie marchent, courent, se chamaillent en pleine rue comme des gosses, ne dorment plus comme si la perte de leur pote les plongeait dans un état d’hyperactivité pour tromper la mort. Il en ressort une mise en scène et un montage d’une vivacité folle, mobile et nerveuse au contact de cette équipée masculine au jeu virtuose auquel la caméra leur est toute entière dévouée.
Pourtant, arrive toujours un moment où le poids des conventions et les remords finissent par sonner la fin de la récré. Des femmes, des gosses, des maisons, des garages et des bagnoles dedans… Autant de raisons de ne pas démissionner, de renfiler son costume et d’ajuster sur son visage le masque des faux-semblants.
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Créée
le 4 août 2025
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le 18 mai 2015
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