Ne vous fiez pas à ses lunettes de beatnik et à son beau sourire, derrière se cache une femme avide d'argent, n'hésitant pas à nager dans l'immoralité pour se remplir les poches. Mme Grayson est donc cette jeune tutrice de personnes âgées dont personne ne se méfie, qui vole tous leurs biens dès qu'elle a réussi à les éjecter en EHPAD, mais qui tombe un jour sur un cas difficile : la maman d'un mafieux qui n'apprécie pas (du tout) que l'on touche à sa Mamoune... Ce I Care a lot nous a bien surpris par son scénario astucieux, ses personnages bien construits (le mafieux en question est assez drôle lorsqu'il dégaine non pas des flingues mais des éclairs au chocolat, la tutrice qui a pour partenaire de vie sa jeune associée sans que l'on ai l'habituelle pancarte engagée, ici la relation homosexuelle va de soi comme n'importe laquelle, une finesse rare quand tant d’œuvres sautent sur l'occasion), son rythme soutenu et son final en jeu du chat et de la souris avec des rebondissements (
le crash de la voiture dans l'eau, l'enlèvement du méchant, le partenariat qu'ils concluent...
). On aime moins, en revanche, les dernières minutes de ce scénario, qui vient se ranger avec les fins ratées de thrillers Netflix (sans toutefois atteindre le niveau de Enemy) : que peut bien apporter la mort subite de l'anti-héroïne ? On partait sur un délire ultra-immoral avec
l'extension de l'arnaque à l'échelle de grandes usines à EHPAD
, mais plutôt que de terminer sur ce postulat osé qui nous faisait jubiler par son humour grinçant, on a l'impression que cette immoralité n'est pas assumée et qu'on a voulu arrondir les angles à la dernière seconde en montrant que "*le crime ne paye pas, la preuve :
la méchante est morte*.
" Dommage, vraiment dommage, car on aurait adoré découvrir un final gorgé de ce délicieux cynisme et d'une critique acerbe de certains lobbies pharmaceutiques de notre monde. Il n'en sera malheureusement rien, et l'on se contentera quand même du binôme Peter Dinklage (comme toujours au top pour donner du charisme à des personnages atypiques) et Rosamund Pike (sans trop forcer, elle campe un bon personnage). L'intrigue tient la route sur les deux heures sans ennuyer, arbore un engagement "pas engagé" (sans banderole) pour le girl power et les relations homosexuelles, et la fin qui n'a pas été choisie nous aurait quand même bien plu.