... I just want to sleep tout court
Mon cinéma proposait une rétrospective et c'était avec crainte mais non sans espoir que je me suis lancé presque à l'aveuglette dans le visionnage de I don't want to sleep alone de Tsai Ming-Liang dont j'avais eu l'occasion de découvrir Les Rebelles du Dieu Néon quelques mois auparavant que j'avais bien aimé mais dont je ne garde absolument aucun souvenir, chose assez rare en ce qui me concerne. La mise en scène proposé par le cinéaste est très particulière. Il ne filme qu'en plans fixes, de longs plans-séquences sans le moindre mouvement de caméra et avec une quasi absence de dialogue. Plutôt que de la démonstration, Tsai Ming-Liang fait de l'observation. On sait très peu de choses sur les personnages, on ne nous dit rien et on nous laisse observer. Sur le papier bien sûr le projet est audacieux et cette mise en scène est au final très réfléchie, l'ennui (Ce mot ressortira souvent dans la suite de ma critique) est que ce film n'est composé que de ça durant 2 heures. Alors ici on a typiquement le cas du film où on peut tout aussi bien kiffer sa maman que détester sa race, et pour ma part j'ai vraiment le cul entre deux chaises. Cette oeuvre est à la limite de la beauté sidérante c'est certain, certains plans sont véritablement délicieux pour la rétine mais n'y allons pas par 4 chemins, je me suis fait chié comme un rat mort. Pourtant la contemplation j'aime en général mais là non c'était trop. J'aurais apprécié le film si il ne durait qu'une heure, or bien entendu si il durait une heure de moins "l'histoire" n'aurait pas pu être développée et le propos du film en serait faussé.
I don't want to sleep alone m'est apparu comme un film très hermétique, à la limite de l'autisme car tout semble fermé, le film est véritablement refermé sur lui-même à mes yeux, je précise bien à mes yeux car il ne m'a fait ni chaud ni froid, je me souviens surtout de l'ennui qu'il m'a causé. Ce film ne m'a pas parlé plus que ça. Il y a des qualités c'est certain. Les acteurs sont remarquables de justesse, les musiques (sur le peu qu'il y a) sont géniales et comme je l'ai dit esthétiquement c'est très beau. Mais ce film m'aurait davantage passionné si il avait quelque chose de bon à raconter. Là ici le propos est d'une banalité sans nom (pour ne pas dire d'une pauvreté sans nom), on observe, on observe, mais on n'observe à vrai dire rien, ce film m'a quand même laissé une sensation de vide, et le vide moi ça m'ennuie. De plus ça s'étire, ça s'étire alors qu'il n'y en a pas forcément besoin. Pourtant il se dégage quelque chose d'assez attendrissant de ce film, on se prend quand même de compassion pour certains personnages car ils véhiculent mine de rien de bonnes choses comme la solidarité et le film est aussi une bonne exposition du malaise social règnant dans le pays à l'époque du tournage. Mais voilà mon ressenti personnel est très mitigé, I don't want to sleep alone c'est la beauté, la mélancolie, la pureté mais c'est aussi l'ennui, la banalité et le vide. Une oeuvre que j'oublierais clairement d'ici peu et c'est bien dommage. Une déception donc pour ce film que j'ai quand même eu la chance de découvrir dans les meilleures conditions et je le conseille néanmoins à ceux aimant le contemplatif (ils seront servis) mais prévoyez le thermos de café, boisson chaude et psychoactive qui sera ici votre précieuse alliée.