Ichi the Killer : Episode 0
6.4
Ichi the Killer : Episode 0

Long-métrage d'animation de Shinji Ishihira (2002)

Si l’intro moche et cheap d’Ichi The Killer est un petit ratage (de l’humour un peu malvenu avec du gore, soit des éléments du film), il nous enfonce bien vite dans la crasse la plus complète. La « genèse » d’Ichi est d’ailleurs tellement malsaine que le film la découpe, en faisant un flash back qui entrecoupe le présent, où Ichi, à la sortie de l’asile psychiatrique, tente de se réinsérer (ce qui ne va bien sûr pas être une réussite). Il devient vite assez clair qu’Ichi the Killer épisode 0 VEUT être un film pour pervers. L’introduction continuelle d’une tension sexuelle se mêlant toujours aux saillies de violences et de frustrations dans l’histoire, le film a cette volonté de pervertir tout ce qui entoure Ichi, en en faisant une sorte de victime ultime, un être tellement pathétique qu’il en devient inhumain. N’importe quel personne dans sa situation craquerait en quelques heures, mais Ichi intériorise à un tel point (et toujours en s’excusant) qu’il en devient méprisable (il n’a aucune estime en lui, constat rédhibitoire pour ce qui est de son charisme, tout aussi inexistant). Mais pourquoi ce film, aux ambitions particulièrement sordides et aux animations dégueulasses, parvient-il à conserver l’attention du public ? C’est parce qu’il est d’un jusqu’auboutisme féroce. Quand on vous dit que l’ensemble de l’univers d’Ichi the killer est perverti, c’est que tout est perverti. Constamment humilié par tous les élèves de sa classe, blamé par ses professeurs et ses parents pour son niveau scolaire en baisse, Ichi est réellement le punching ball moral sur lequel tout le monde déverse sa bile. A la maison, il est tellement submergé par sa honte qu’il ne cesse de mentir à ses parents, qui continuent à peser davantage sur sa raison. Et qui continuent aussi à s’adonner à des scènes de sexe torrides, en laissant leurs cris parvenir à Ichi en train de psychotter seul dans sa chambre. La seule personne qui a l’air bienveillante avec lui est un autre élève, qui profite de cette empathie pour le racketter. Bref, la cocotte minute est sur le feu et au fur et à mesure que la pression augmente, le film enchaîne les épisodes malsains, comme la séquence de dissection de la grenouille, où notre Ichi ouvre l’animal encore vivant avec une trique de 10 mètres (hmmm, jouissance sadique). Cultivant une ambiance malsaine de tous les instants, avec des couleurs dégueulasses et une prédilection pour les effets stroboscopiques lors des déchaînements de violence, le film se fout de la vie de ses personnages, qu’il sacrifie à tout va dans une apothéose de crasse nauséeuse. Pour le coup, on dépasse de très loin le malsain punk d’un Livre de Jérémie, c’est anxiogène jusqu’au final. Le présent, avec Ichi tentant de se réinsérer, est nettement plus respirable, même si, on le devine, Ichi est sur le point d’être à nouveau manipulé, ici par son agent de réinsertion, un psychologue sensé l’aider à retrouver une vie normale, qui a bien sûr d’autre projets en tête pour notre psychopathe Ichi. Désirant le dresser à jouir de la violence, il le balance dans les bras d’une nymphomane masochiste, personnage immédiatement marquant et déterminant dans l’assimilation plaisir/souffrance de l’autre. S’achevant dans un combat ultra violent contenant tout le malsain déjà visible dans le film de Miike, cet OAV est un véritable uppercut tant il va loin dans la nausée de l’addiction à la violence, sans le moindre recul moral et avec un penchant assumé pour le malsain. On rajoute à ça une bande son atroce qui bizarrement, convient particulièrement bien à l’ensemble des séquences, contribuant largement au malaise global. Bien plus déstabilisant que le film de Miike (et moins long), même si souffrant un peu de sa surenchère.
Voracinéphile
9
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le 14 sept. 2013

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