Ah, il était une fois la révolution ! Je l'ai visionné après il était une fois dans l'ouest, ce film que j'étais allé voir au cinéma avec mon frère parce que c'était son film préféré. Pas culte, à l'époque on ne disait pas culte, on disait mon film préféré. De "l'ouest", alors gamin, je n'en avais gardé que l'image unique d'un plan majestueux de monument valley, plan que je finis par retrouver par hasard, bien plus tard, redécouvrant le film préféré de mon frangin . Qui, hormis Léone, a filmé Monument valley de cette manière. Cette vision m'a hanté longtemps, restant pour moi l'une visions les plus majestueuses de l'ouest américain. Comme quoi, gamin, on peut garder une image qui va devenir quasi obsessionnelle dès que je regarderai un western. Ce putain de plan mythique, je ne le revis donc que bien après. Avec la musique du maestro. La claque. Même aujourd'hui, à presque 60 ans, ça reste la claque. Visuellement, émotionnellement. Je ne vis que bien plus tard la dimension de l'ouest américain des cow boys qui disparaît devant l'arrivée du progrès. Ce n'est que bien plus tard aussi que je vis duck you sucker, titre o combien truculent en anglais, mais tout aussi intéressant en français. La révolution de Léone s'est passé aussi là pour moi, car ici la désillusion devient le thème principal. Rêves brisés, qu'ils soient humains, révolutionnaires ou amoureux, philosophiques. Trahison, lâcheté. La violence ici devient crue, comme ce viol d'un soudard prenant une femme de la haute. Cet homme par qui la pisse inaugure cette (r)évolution du cinéaste. Ici, les duels sont accessoires, les gros plans Léoniens anecdotiques. Désillusions, tristesse, même la révolution est factice. L'émotion présente dans "il était une fois dans l'ouest" monte d'un cran. Un film poignant, assez nihiliste, et qui préfigure "l'Amérique" du dernier volet. La musique d'ennio morricone une fois de plus atteint des sommets, et d'ailleurs elle est une de mes Bo préférées. Avec la révolution, l'ouest de Léone a passé la barre de l'opéra cruel pour entrer dans l'ère du rêve américain mort avant d'avoir pu vivre. Chef d'œuvre.