Dans une Italie souffrant encore de sa défaite dans la seconde guerre mondiale, le film raconte l’histoire de Delila, mère de 3 enfants, condamnée à vivre dans la violence à cause de son mari qui est « à cran » et la rout de coups dès qu’il en ressent le besoin, violence qu’il ne cesse de légitimer par le même argument « J’ai vécu plusieurs guerres » et que Delila, enfermée dans un quotidien qu’elle ne peut fuir, finira par justifier aussi.
Le fait de fermer les fenêtres, le sang qui disparaît juste après avoir coulé, les portes qui se ferment, les cris qu’on n’entend pas mais qu'on arrive presque à percevoir en voyant les visages de ceux qui savent ce que cache cette fenêtre fermée, on en comprend que la vérité se sait mais elle ne se dit pas, on perçoit déjà le contexte (une société en voie d'évolution mais encore marquée par les valeurs d'autrefois et la domination du mari sur sa femme).
Ce film a vraiment réussi à se démarquer au niveau de la réalisation, tout en s’inspirant du cinéma italien « classique » Paola Cortellesi ajoute une touche de modernité à certains moments choisis avec des chansons plus modernes et des mouvements plus rapides, cela confère à l'histoire un caractère universel et intemporel : ce n’est pas simplement l’histoire d’une seule femme à un moment précis, dans un pays donné, c’est l’histoire de millions de femmes à travers le monde et d’une violence qui a toujours existée. Le cycle de la violence est représenté avec des scènes de danse, comme le montre une scène dans le salon, une danse morbide entre deux coups symbole d’un amour passé désormais avalé, fissuré par les coups.
La réalisatrice s'appuie aussi sur des actions gagnant en vitesses, des ralentis, des plan figés, et des scènes qui se rapprocheraient presque de la comédie musicale. Un film qui cherche à respecter le message bien plus que les conventions.
Certaines scènes marquent inévitablement le spectateur, certains passages accompagnés de chansons Italiennes choisies à la perfection qui semblent compléter l’histoire que le film raconte déjà. La scène finale restera sans aucun doute dans bien des mémoires et vaut en elle meme bien plus que tout les mots pour chaque femme et pour une lutte qui ne cessera pas.
« Ouvrez le passage, faites place à demain »