Le mètre étalon du minimum filmique

Dans son "making-of" Babor disait qu'il y avait une fiche Sens Critique pour Impionçable. Et je me dis "hé, bah, j'ai vu cette vidéo en 2020 j'ai le droit de faire une critique de ce qui est considéré comme un film."

Ce que j'aime bien avec Babor c'est qu'il répond, sans le vouloir ET par l'absurde, à un argument qui m'agace à mort chez les vidéastes. En effet, ceux-ci ont tendance à dire que bon "les courts métrages c'est bien sympathique" mais que la forme courte est faite pour s'entrainer et la forme longue, celle du long-métrage de plus d'une heure, c'est ÇA le truc sérieux et que tant que t'en a pas fait, t'es rien. Ce qui m'énerve : ça reviendrait à dire qu'un auteur n'ayant fait que des recueils de nouvelles n'a jamais rien écrit de sérieux.

Or, avec son précédent film, Irregardable, Babor arrivait à prouver que faire un truc d'une heure et demi c'était à la portée de tout le monde : suffit juste d'avoir une caméra. On prend des comédiens, on les filme et on monte le truc. Et c'est pas "mieux" que si ça avait été un cours métrage. Et rien que ça, merci mec !

Honnêtement :

Après, si la plupart des avis sur ce site vont être en mode full second degrés (Babor ayant fait sa carrière essentiellement sur le "troll marrant" qui se fait passer pour un génie et ses fans restent dans le délire) en lui attribuant des 10 à la pelle, je vais donner mon avis au premier degrés. C'est à dire que si ça reste largement moins pénible à regarder que Irregardable (qui portait bien son nom) c'est pas non plus un bon divertissement.

J'ai regardé le film en faisant autre chose et s'il n'y avait la sympathie que j'ai envers Babor et une partie du casting (Sylvqin, Kemar, Pauline Clement (de Yes vous aime), Dava, Roxane Bret (des Parasites), Camille et Alisson (de Glamouze) ) j'aurais pas été au bout des 10 minutes. Bon, déjà techniquement c'est du champs/contre champs tourné par les acteurs eux-même et sonorisé à l'arrache (mais ça a le mérite d'être audible) avec des acteurs au talent inégaux qui balancent leur réplique en une prise. Je vais pas faire l'étonné, si tu regarde un film de Babor, tu sais que ça va ressembler à ça. Et ENCORE, de l'aveu du réalisateur, il y avait un projet de film bis avec des prises "mal jouées exprès" qu'il a abandonné parce que c'était très vite saoulant. (Si même Babor trouve un truc saoulant, c'est que ça doit être vraiment insupportable.)

Non, c'est surtout que le film est super bancal et très random dans son délire de pote : comme ça part toujours dans tous les sens et que ça reste dans un esprit "c'est drôle parce que ça fait exprès d'être nul" tu fini par regarder le truc avec trois barrière d'ironies devant toi t'empêchant de t'immerger dedans. Tu peux pas attendre grand chose d'une histoire dont tu sais qu'à tout moment elle pourra partir dans un twist débile. Mais parfois ça m'a fait décrocher un sourire ou un rire et ceci dit, Babor s'améliore grandement depuis Irregardable. L'intro possède un plan chouette que je vais lui repiquer.

Après, c'est chouette, ça permet d'établir les bases pour les étudiants en cinéma : si ce que vous faites est moins bien que Impionçable, foutez-tout à la poubelle.