Je ne suis ni fan ni spécialiste du slasher. Mais il y a plusieurs aspects vraiment intéressants dans ce film qui m'ont poussée à mettre cette note élevée que je ne m'attendais pas du tout à mettre.
J'ai d'abord aimé la pureté de ce slasher. Comme ce mort en marche qui traverse d'un pas lent mais ferme la forêt luxuriante, le scénario va droit devant lui, sans faire de détours inutiles. C'est l'histoire d'un mort à qui on a piqué le collier (hérité de sa maman) qui sort de terre et marche sans s'arrêter, de jour comme de nuit, jusqu'à ce qu'il le retrouve. Une histoire qui ressemble à une blague sur le papier.
Nash compose une espèce de symphonie monstrueuse et hypnotique. Il filme l'irruption du Mal dans le Paradis, avec ce personnage infernal qui traverse en silence cette forêt aux allures de cathédrale.
J'ai aimé l'utilisation simple et redoutablement efficace des contrastes sonores et visuels.
Sur le plan visuel, Nash filme la vie, le soleil, la beauté enivrante et le calme paradisiaque des paysages bucoliques auxquels il mêle la mort, le sang, la silhouette massive et sinistre de ce tueur muet.
Sur le plan sonore, Nash marie avec audace le chant incessant des oiseaux avec le bruit sinistre des os qu'on brise et des viscères qu'on transperce. Pas de B.O. qui sort le spectateur du film. Place aux bruits de la nature (oiseaux, vent, insectes), seulement troublé par le bruit régulier et inquiétant des pas du tueur et des corps qu'on mutile.
Les longs plans sur le dos du tueur qui déambule avec calme et indifférence dans ce paradis finissent par être hypnotiques. Le réalisateur nous laisse vraiment le temps d'admirer cette beauté omniprésente, mais il nous oblige aussi à regarder ce dos massif, la nuque de cette tête que l'on devine monstrueuse. Ce collage choquant est d'autant plus efficace qu'il n'y a aucune musique qui distrait et qu'on n'entend que le chant des petits oiseaux.
J'ai aimé comme Nash s'amuse avec nos attentes pour nous surprendre. D'abord, le tueur a un rendement meurtrier plutôt en-dessous de la moyenne : il marche bien plus qu'il ne tue. Mais, attention ! C'est parce qu'il privilégie la qualité à la quantité. Vous ne serez donc pas déçus lors de ses passages à l'action.
Je pense aussi à la longue scène finale dans la voiture, qu'on a déjà vue cent fois dans d'autres films. On s'attend au twist habituel, on guette le moment où la survivante va voir son dernier espoir ruiné : retour à la case-départ, réapparition du tueur, complicité de la conductrice... Les variations de ce twist final sont infinies. Et puis, non. Il ne se passe rien.
De même, le tueur utilise une machine à fendre le bois, mais il ne l'utilise pas comme je m'y attendais. Après un essai concluant sur une bûche, on s'attend à une coupe longitudinale de la victime... Ben, non. Il se contente de couper deux petits morceaux. C'en est presque drôle.
Chaque exécution a cette part de surprise et d'humour (noir). Le plus bel exemple est l'exécution (vouée à devenir culte) de la fan de yoga. Le tueur lui réserve la plus "belle" de ses exécutions et se permet une touche d'humour inattendue. Je ne décrirai pas l'enchaînement sophistiqué des différentes étapes de la mise à mort de la jeune fille, mais je dirai simplement qu'il reste dans l'esprit du yoga et demande une souplesse impossible.
L'humour noir n'empêche pas les différentes mises à mort d'être très spectaculaires et parfois insoutenables. Le sang est très réaliste et la bande sonore particulièrement efficace. Nash filme l'horreur en frontal, en hors-champs, en plan large ou même en plan aérien.
Pour tout cela, "In a violent Nature" est bien plus intéressant et marquant que ce que l'affiche pourrait laisser penser.