Hazagussa à le goût des plaisirs âpres, ceux qui ne s'offrent pas immédiatement, humectent vos souffrances et s'emparent du peu d'espoir qui vous reste. C'est l'histoire d'une mère et d'une fille et d'un cycle infini, piégé entre traumatismes ataviques et complexes sociaux, c'est l'histoire de solitudes qui mènent aux portes de la folie, d'un point de vue sur la sanité remettant en question notre regard de spectateurs.


Le film démarre sur un top shot embrassant un sol enneigé, des traces de pas en absorbe la monotonie, la preuve de vie précède la vie, une femme apparait trainant une luge avant, puis sa fille surgit. Les paysages sont gigantesques, flanc de montagne enneigé, ciel brumeux, le cadre semble vouloir marquer la fin de toute chose. Cette mère et sa fille rentrent chez elle, les lumières sont chiches, presque autant que les mots, des corps masqués les menacent, les traitant de sorcières apparaissent puis s'enfuient.


Complètement isolées, la mère tombe malade, la jeune fille s'en occupe avant que, ce qu'il semble être un médecin, vienne l'ausculter, la peste ne lui laissera aucune chance. Le montage rapproche des éléments, qui, confrontés l'un à l'autre, semblent vouloir souligner en ces symboles une forme de déliquescence.


La jeune fille en se levant verra une trace de sang sur ses draps blancs, un peu plus tard elle ira jeter le contenu d'un seau dans lequel sa mère a rendu, là aussi du sang va va troubler la blancheur virginale de cadre comme si l'arrivée des premières menstruations se conjuguait avec sa propre perte, passant du regard protecteur à la concupiscence, être désiré ou être honni selon tes capacités d'intégration.


Le film va sans cesse jouer sur le bord du cadre ou la portée symbolique entremêlant humain et paysage. La fille devenue adulte et elle même ,mère, va subir la trahison d'une femme, un viol dans une séquence positivement horrible où seule une main étreignant son cou gracile nous sera montrée pendant que celle qu'elle prenait pour une amie et alanguie, souriant, la tête sur son épaule. Éloignée de dieu, prise pour un apostat, elle vit et subit la déchéance morale de ceux qui se réclame de dieu.


Chargée en imagerie biblique, partagée entre bien et mal, de nature purement humaine ou plus mystique, cette femme de plus en plus troublée s'enfonce dans un abime de souffrance qui la poussera jusqu'au pire pour finir ce cycle. La fin dans un bûcher, son corps et le ciel séparé par des chaines montagneuse, donc les pics acérés semble vouloir pourfendre le ciel est autant un sacrifice qu'une renaissance potentielle, un film aride qu'il faudra apprivoiser mais à la singuliarté troublante.


LionelBremond
7
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le 7 oct. 2025

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Lionel Bremond

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