Il fallait bien un jour que ça tombe, le temps que ça vieillisse et que cela mur dans mon esprit. Après 10 long-métrages, il fallait bien qu'un jour je fasse le bilan de ce cinéaste qui me laisse cette impression très étrange : satisfait mais il n'y aura jamais rien de plus qu'un "satisfait". Entendons nous bien : je ne déteste pas Mr. Oizo, la petite peluche jaune qui m'a fait danser sur le dancefloor, mais Quentin Dupieux me laisse toujours un sentiment de non parachèvement.

Il y a évidemment le fond et la forme.

Petite piqure de rappel pour les non néophytes du cinéaste : Avec Dupieux le fond c'est la forme. Dupieux appartient à la catégorie de ce que je nomme les post-modernistes, réfutant l'idée de raconter une histoire, ou de seulement raconter une histoire. Quand je parle d'histoire, je ne parle pas de scénario, je parle de propos et de fond concernant le scénario. Pour Dupieux, il y a 3 choses : 1 concept, 1 musique et 1 forme qui se prete à son cinéma. Le reste, le fond, la réalité (un film porte ce titre) n'a que peu d'importance.

Alors vous allez me dire : mais pourquoi le critiquer sur ce point ? Parce qu'on en est en droit de se demander un moment donné ce que veux réellement nous dire Dupieux. De qui se moque-t-il ce baroudeur du cinéma français ? Si Gaspard Noé a des thèmes et évoque chez moi des sentiments, et qu'il imprime la rétine ainsi que des thèmes forts (viol, drogue, violence, etc.), j'ai beaucoup plus de mal avec Dupieux qui brasse pour moi des éléments très souvent superficiels... Encore une fois : de qui se moque Dupieux ?

Dans Incroyable mais vrai, une fois de plus l'école du scénario est tourné en dérision. En témoigne une séquence musicale interminable nous enchainant les péripéties peu intéressante autour de 2 concepts du film : un trou dans une maison qui permet d'avancer dans le temps et de rajeunir, et Magimel qui s'est fait greffer une bite électronique. OK, il y a un concept. On a compris. Mais de quoi rit-on ? Du cinéma ? Des gens qui aiment les histoires ? Du fait qu'il ait encore réussit à nous faire venir pour rien en salle ? C'est vrai qu'à ce stade ça pourrait presque devenir aussi une oeuvre à part entière.

L'ennui avec Dupieux, c'est que c'est en réalité souvent léger et faible, je parle là du fond (donc de la forme). Autant j'ai bien aimé Mandibules, Rubber, Steak, Le Daim...Mais donnez moi un intéret artistique de suivre les boules de chewing gum envoyé par ce cinéaste à son public ? La photo ? La musique ? Le propos ? Le fond qui est la forme ? Les dialogues certes, quelques répliques, mais on est jamais plié de vous à moi.

En fait on est là au coeur du problème qui pour moi ressurgit à chaque fois que je regarde un film de ce réalisateur : se moquer de la forme ne peut pas empecher un moment donné - au bout de 10 films, bientot 11 - de se poser la question : j'ai beau ne pas m'ennuyer devant ce type, pourquoi continue-t-il de m'ennuyer avec ces non-films ? Mon temps est précieux, autant devant une oeuvre postmoderniste qu'un Marvel.

Et si Mr Oizo depuis son prermier long métrage "Non film" n'avait jamais voulu faire de cinéma réellement ? Et s'il ne voulait juste qu'essayer sans jamais y parvenir ? Ce gars là ne va nulle part, il n'en a de toute façon aucunement l'intention, c'est un non-auteur qui fait des non-films...Mais dis nous tout Mr Oizo : vas-tu un jour t'envoler ?

Tom D.

Tom-Demage
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le 14 juin 2022

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Tom Demage

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