Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal par Blèh
Cet Indiana Jones "bonus" est un bon film. Il n'est pas au niveau du troisième (à mon sens le meilleur, et de loin), mais il sait rester dans le ton de la série tout en lui apportant une nouvelle richesse.
De la même façon que la trilogie parlait des années trente, ici, on parle des années cinquante. Espionnage, guerre froide, bombe atomique, motos, gel, veste en cuir, tout y est pour la bonne ambiance. Ici rien à redire. Les méchants soviétiques remplacent les méchants nazis, Indy incarne l'Amérique déçue par le tournant autoritaire de l'anti-communisme, qui se retrouve dans la jeunesse rock rebelle. Que du bon. Bien sûr, c'est plus les nazis, ce sont les soviétiques, ça perd un peu de son charme. Mais le contexte historique du scénario le veut. On est pas dans OSS 117.
Mais ce qui a particulièrement perturbé le public, c'est la fin du film jugée trop irréaliste, ridicule, fantastique, hors propos. Là, je me permets de faire un point sur la trilogie originale : L'Arche d'Alliance qui tue les nazis avec le pouvoir de Dieu, le culte qui arrache le coeur d'un Indien encore en vie qui le regarde battre sous ses yeux, le chevalier vieux de plusieurs siècles... Sérieusement, depuis quand Indy c'est du terre à terre ?
(les spoils commencent ici)
La trilogie originale et ses années trente avaient les nazis et leur fascination pour les rites magiques païens, le quatrième opus a les années cinquante, Roswell, et la peur des petits hommes verts. Quoi de plus cohérent ?
Quand à la fin "philosophique", celle du savoir irrationnel, la connaissance inaccessible, le savoir qui dépasse l'humain au point que celui qui tente de le percer est consumé, détruit, brûlé, elle est un magnifique pied-de-nez aux progressistes invétérés, aux scientistes fanatiques, et bien que décevante dans une certaine mesure parce que l'on est habitué à ce culte du tout explicable, elle est magnifique en ce qu'elle prend le parti pris opposé, que l'homme n'est pas taillé à la mesure du monde, qu'il ne peut tout saisir, tout comprendre, et qu'il doit accepter le mystère, la foi, l'ignorance. A ce titre, la religion, toujours présente dans Indy, est de retour sans surprises dans ce quatrième volet.
Alors certes, le film déçoit dans une certaine mesure parce qu'Indy est vieux, le fils d'Indy relou, et que certaines répliques ou situations ne sont pas si drôles que ça. Mais l'esprit est toujours là. Non, ce qui est difficile à admettre, c'est qu'on ait voulu faire un autre film derrière le troisième, magistral, et qu'on ait rompu une certaine harmonie.