Inexorable – Le Grand Huis-Clos !
Fabrice du Welz revient après Adoration en 2020 avec Inexorable, un huis-clos avec Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey et la jeune Aiba Gaïa Bellugi.
Marcel est un écrivain connu principalement pour un seul livre, « Inexorable ». Après s'être installé dans la maison de son défunt beau-père avec sa femme, Jeanne et sa fille, ils font la rencontre d'une jeune femme inconnue, Gloria, qui va s'imposer petit à petit dans cette famille.
On a donc affaire à un huis-clos avec cette mystérieuse fille qui va faire voler en éclat cette petite famille bourgeoise de l'intérieur où les secrets vont se révéler !
Du Welz est devenu un auteur reconnu parmi la critique spécialisé, mais manque encore cette reconnaissance qu'il mériterait de la part du public. Avec ce film, il s'ouvre à un plus large panel de spectateur grâce à sa tête d'affiche, Benoît Poelvoorde. C'est d'ailleurs l'un des nombreux points positifs du film. L'acteur belge est habité comme jamais dans ce rôle d'écrivain ayant le syndrome de la page blanche avec une part d'ombre. On est souvent habitué à voir l'acteur dans un registre comique, pourtant, sa partition dramatique dans ce thriller est impeccable et passionnante de fausse retenue où tout finira par exploser en lui et autour de lui.
Parce qu'outre un casting d'exception, Fabrice du Welz est aussi reconnu par sa mise en scène précise et classieuse. Comme à son habitude, il filme en pellicule et le grain si particulier de cette technologie transparaît à travers tout le film pour un résultat à la fois doux et étrange. Racontant son histoire d'une main de maître, le réalisateur fait monter petit à petit la tension, toujours ambiguë, toujours sourde, mais que l'on sait va tout anéantir sur son passage, les personnages comme les spectateurs.
Inexorable est un film asphyxiant, douloureux, perturbant, qui ne lâche rien !
On pourra retenir cette séquence incroyable sous une pluie, où les éclairages rouges vifs et bleu s'alternent pour un résultat magnifique permettant au film d'entrer dans le genre du Giallo Italien (les films de Dario Argento par exemple).
Ce n'est évidemment pas sa seule inspiration, on pourrait mettre en parallèle l'introduction du film qui suit cette voiture à travers la forêt avant d'arriver dans la grande demeure où le personnage principal espère écrire un nouveau roman comme une référence explicite au Shining de Kubrick.
Mais la force de Fabrice du Welz c'est de justement reprendre toutes ses influences pour les faire sienne. Le réalisateur impose son style tout le long et continue de s'imposer comme un grand metteur en scène capable de jouer sur plusieurs tableaux.
Outre toutes ses qualités, Inexorable a du mal à développer ses personnages féminins qui ne sont que des archétypes qui vont peu changer au cours du film, là où le personnage de Marcel offre de nombreuses nuances.
Mais globalement, Inexorable est un excellent huis-clos, hypertendu, étouffant et suffisamment bien ficelé pour prendre aux tripes le spectateur !!!