J'en gardais un excellent souvenir, presque aussi satisfaisant que le remake de Martin Scorsese quatre ans plus tard. Ce second visionnage, cette fois au cinéma, a calmé mes ardeurs, principalement dû à l'aspect formel. Alors que j'avais trouvé le film très maîtrisé ans auparavant, ce fut nettement moins le cas ici, certains plans ou choix de réalisation m'ayant laissé plus que dubitatif. Mouvements de caméra, « bougeage » inutile, rendu visuel pas toujours convaincant... Redécouvrir le film sur grand écran n'a pas spécialement été un atout, si ce n'est pour apprécier l'architecture hong-kongaise, bien mise en valeur, ou la dimension nocturne du récit, plutôt réussie.
Le casting, sans atteindre le niveau « scorsesien », est également à la hauteur, notamment Tony Leung. On se serait en revanche passé de cette étrange musique sirupeuse à des moments pas du tout justifiées, donnant un côté complètement hors-sujet à l'œuvre. Reste alors ce très bon scénario, dense, tendu comme il faut, clairement le point fort, offrant plusieurs scènes particulièrement réussies, d'une vraie intensité dramatique, y compris lors d'un dénouement surprenant, réussi. Impression mitigée, donc, pour ce « Infernal Affairs » n'ayant pas totalement volé son statut, mais dont le poids des années n'est pas vraiment à son avantage.