Ceux qui me suivent le savent, ceux qui me découvrent le comprendront très vite : j'ai d'énormes lacunes cinématographiques. Du coup je me rattrape énormément de films sur le tard et probablement avec un point de vue légèrement décalé par rapport aux puristes. Il n'est donc pas si étonnant que je n'accroche pas totalement au style Tarantino. Il faut dire que c'est typiquement le cinéaste qui ne peut satisfaire tout le monde mais qui ne laisse personne indifférent. Phrase clichée mais totalement valide pour l'ami Quentin.


De mon point de vue, je lui reconnais volontiers ses mérites, en premier lieu le plaisir immense avec lequel il tourne ses films. Un plaisir qu'il communique parfaitement à ses acteurs et qui, par association, déborde de la pellicule et nous contamine à notre tour, nous permettant ainsi de mieux apprécier ses débordements. De sa mise en scène, en passant par ses dialogues et l'implication de son casting, forcément rempli de grands noms et talents, il imprime sa marque. N'étant qu'au début de mon rattrapage je ne suis pas encore lassé heureusement. Il parvient même à nous surprendre, je pense notamment à la fameuse première séquence qui mérite sa réputation car, pour quelqu'un qui a l'habitude d'y aller à la tronçonneuse (ou ici avec une batte de baseball), c'est parfaitement dosé, la performance de notre chasseur de Juifs aidant, évidemment.


Car oui, si tous les acteurs s'illustrent chacun à leur manière, Christopher Waltz reste celui qui vole la vedette, à chacune de ses scènes. Réussir à nous faire aimer un profond connard n'est pas si aisé, surtout quand certaines scènes sont profondément anxiogènes mais il le fait superbement. A titre personnel, je suis content d'avoir croisé Daniel Brühl que j'ai découvert avec Good Bye Lenin, ce avant qu'il ne prenne les traits d'un pilote de F1 pour mon grand plaisir. Dommage que la seule actrice à ne pas prendre de plaisir dans son jeu soit notre française mais paraît-il que Mélanie Laurent est coutumière du fait. Au moins, sa dernière scène rattrape le tout.


Par contre, on n'a rien dit sur sa mort ? Je suis désolé mais c'est du niveau de Marion Cotillard dans le Dark Knight Rises, je sais pas vous...


Alors pourquoi "que" 7 ? Parce que quand un réalisateur a un style et une personnalité si marqués qu'ils s'impriment sur le film plus profondément encore que Tarantino encule la véracité historique, il y a forcément un contre-coup.


Ici, c'est la longueur du film et ses ruptures de tons. Qu'il prenne son temps pour certaines scènes était primordial et c'était globalement bien fait grâce à la qualité des dialogues, mais la seconde moitié du film est moins bien équilibrée que la première, du coup je n'ai pas autant pris de plaisir à ce moment. Et puis ce mélange de subtilité et d'excessif made by Tarantino est parfois un peu déconcertant. Ce n'est pas tant le fait que l'on passe rapidement du rire aux larmes, c'est que le dosage est assez inégal. J'ai cru comprendre que c'était une des marques de fabrique du cinéaste mais j'ai davantage ressenti ce déséquilibre ici que dans Pulp Fiction.


Résultat j'ai eu le sentiment que le climax venait un peu tardivement et cela m'a empêché de savourer ce défouloir autant que j'aurais aimé le faire au début du film. Mais je suis convaincu qu'un film de Tarantino se savoure après plusieurs visionnages. Ça reste du très bon cinéma pour peu que vous sachiez à quoi vous attendre. Je le savais, je ne peux décemment pas être déçu. Au revoir, Tarantino !


[100è critique, bigre ! ]

Masta21
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le 3 août 2015

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Masta21

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