A la fin du film, quand les gens se sont levés pour applaudir, j'ai un peu halluciné.
C'est pas que le film soit mauvais, c'est pas que je n'ai pas passé un bon moment, mais tout est tellement téléphoné et rarement à la hauteur.
Allons-y commencons le démontage.
(je vais dévoiler des éléments du film comme on dit, donc.... vous êtes prévenus)

Chapitre 1
Le début est magnifique et en ce sens, Tarantino maitrise de plus en plus la mise en scène:
il construit visuellement une ambiance champêtre, on dirait un tableau: la lumière, la couleur du vert, ce drap qui sèche au soleil et le vent qui le fait bouger légèrement. Une vraie peinture baignant dans l'ordre et le paisible sauf au loin quand on voit 2 voitures, on devine tout de suite des SS.
Et là superbe maitrise de ce calme avant la tempête jusqu'au aux meurtres des juifs.
La tension monte crescendo admirablement bien

Chapitre 2
On se demande pourquoi ce découpage en chapitre. Ca doit être la touche Tarantino, mais là vraiment ça apporte que dalle, le film est raconté quasiment dans la chronologie des faits. Why ?
Bien sûr ça ne nuit pas au film, mais de lui on en attend quelque chose. Déception.

j'arrête donc le découpage en chapitre car ça sert à rien

Piège de l'Histoire (la grande avec un H)
On COMPREND aisément qu'une jeune juive ayant assisté aux meurtres de ces parents souhaite se venger en tuant le responsable. Tarantino n'a pas besoin d'expliquer plus puisque le spectateur saisit de suite le contexte historique.
Partant de ça, il semble que pour Tarantino ce soit suffisant. A aucun moment, il nous donne envie de se venger avec elle, à aucun moment on peut être en empathie avec son personnage.
C'est je pense un grand raté du film à mon sens: à tenir plusieurs histoires entre les mains, il ne prend jamais le temps de nous faire aimer ses personnages ou nous faire ressentir leurs vécus. Ex: on comprend pourquoi Kiddo veut se venger: elle allait se marier, elle était enceinte, etc.
Là rien. C'est juste une explication rationnelle et historique: les gentils et les méchants. Aucun affects. Dommage car à ce moment là on assiste de loin à la préparation de la vengeance sans jamais y prendre part. Idem pour les batards qui tuent pour les mêmes raisons: nous juifs, eux SS, moi tuer. Ca fait léger. Comme si il s'interdisaient toutes émotions. Ha si.
Quand le soldat allemand amoureux de la jeune juive va mourir dans la salle de projection.
Il veut lui parler et tout à coup, elle s'ouvre, un peu d'émotion transparaît, un peu d'empathie, elle tend la main... et là autre écueil

Le téléphone à double détente
Là dans cette scène, Tarantino nous fait croire qu'elle va être touchée, on le sent, on se dit "oui vas-y". Mais comme c'est Tarantino, un mec qui en a dans le pantalon, on se dit "c'est pas possible qu'il cède à tant de sensibilité". Ca loupe pas, au moment où elle s'approche elle se fait flinguer. Bain de sang.
Idem pour l'espionne allemande qui a le pied dans le plâtre. On se dit "non il va pas le tuer?". Puis on se dit que c'est Tarantino donc il va forcément la trucider. Boum, ca loupe pas.
Et c'est comme ça tout le film: Tarantino nous lance sur une piste pour nous dire ca va être ça et là on se dit que comme c'est lui, il ne peut y avoir que du sang.
Dommage car il aurait surpris en faisant peut-être une scène d'amour au moment classique, genre au moment du climax au 3/4 du film quand le héros hésite. Il se refuse MAIS SA trangression est tellement attendue qu'elle devient SA NORME (et non sa touch ex: en faisant Jackie Brown, il respecte les codes du genre et venant de lui c'était transgressif).

Péché par orgueil
Et c'est d'ailleurs là qu'il glisse: en créant SA NORME, il finit par s'auto-citer !! Un comble pour un fan de ciné qui pense que finalement vaut mieux rendre hommage à soi-même: de longs dialogues, des musiques ressemblant à celles de Kill Bill, un fin de massacre comme dans Kill Bill (mais pas du tout à la hauteur au reste du film au niveau mise en scène) ... c'est le peu que j'ai vu mais c'est déjà trop.

Bref c'est suffisant, il y a encore d'autres trucs (pourquoi à peine utiliser "L'Ours Juif", alors qu'il prend la peine de créer une légende autour de lui?...) mais si j'avais été la maitresse de Tarantino j'aurais écrit:
"De grandes aptitudes notamment dans la direction d'acteurs et la réalisation mais un manque de rigueur dans le développement du récit et dans la construction des personnages finissent par gâcher le film."


PS: Film vu 1 fois au cinéma.
littleblackman
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le 2 mars 2011

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littleblackman

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