Après le carnage qu'était The Master, j'avoue que j'attendais PT Anderson au tournant. Et je dois dire que je suis heureux car il semble avoir remonté la pente. Attention, Inherent Vice ne ressemble pas aux autres de ces films : il a quitté un genre descriptif reallistico-ennuyeux pour pénétrer dans le monde de la comédie, et on peut dire qu'il ose tout, de l'humour caca aux références complexes, des punchlines bien trouvées et un bon degré d'absurde; à tel point que j'avait l'impression d'assister à un mélange des frères Coen et de Quentin Dupieux à certains moments.

On pourrait même dire qu'on assiste à une vision du Big Lebowski sous Slo-Mo (drogue qui ralentit la percetion du temps). En effet, plus j'y pense et plus les ressemblances entre ces deux films sont troublantes : LA, un loser cherche à élucider une affaire mystérieuse mais passe plus de temps à rouler des petards qu'à comprendre ce qui lui arrive; s'ensuit des rencontres de plus en plus bizarres avec des personnages hallucinants; Une forme de portait de cette ville américaine. Vous même ne pourriez dire de quel film il s'agit! De plus, dans ces deux films, au fil des sticks consommés, l'histoire devient de plus en plus brumeuse (voire fumeuse), on croit que des gens disparaissent, et on découvre que non, les personnages font des choses de plus en plus "What the fuck?" (la dernière scène avec J Brolin-aka le flic- où il mange toute la weed du Doc). Même le nom du héros, Doc (rappelons que Dude est traduit Duc en français, donc une lettre de différence) est similaire, ces derniers étant d'ailleurs complètements dépassés par les événements, et le spectateur aussi bien sûr..
C'est donc un film de hippie, bien qu'ils soient constamment moqués dans le film, mais malheureusement sa complexité ne le rendra pas accessible à cette communauté (là ou TBL avait réussi à créer le meilleur film à voir stoned).

Au final, on se souviendra d'un (trop) grand nombre de personnages, d'une histoire floue, de répliques cinglantes (mention spéciale pour "-J'étais occupé -Occupé à savoir de quel coté était le collant de ta feuille slim"), de doigts dans le nez, d'autres doigts à d'autres endroits, d'une fessée mémorable, de cravates sexy, d'un plateau de Ouija, du gaz hilarant, ... Un mélange bien jouissif qui, s'il n'était pas dilué avec des dialogues longs et ennuyeux, et si on ne parlait pas du réalisateur de Magnolia, aurait reçu une meilleure note.
Thieb
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le 14 mars 2015

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