INHERENT VICE, le casse-tête perché de Paul Thomas Anderson

Si vous avez déjà vécu ce fameux lendemain de soirée où il faut se torturer l’esprit pour se rappeler et ordonner les évènements de la veille, préparez-vous à expérimenter à nouveau cela mais dans une salle de cinéma grâce au nouveau film de Paul Thomas Anderson, Inherent Vice.
L’histoire est simple. En apparence… Larry « Doc » Sportello, détective à Los Angeles dans les années 70 un peu (beaucoup) porté sur la fumette et les acides, enquête sur la mystérieuse disparition d’un milliardaire. Les éléments se multiplient autour de l’enquête et c’est là qu’apparait le véritable problème du film : on n’y comprend vite plus rien. Pendant plus d’une heure et demie, Paul Thomas Anderson perd totalement son spectateur dans les méandres de cet énorme imbroglio qu’est censé être l’enquête et a du mal à faire décoller l’action avant la fin du film.
Au-delà de ce problème scénaristique qui est à mon plus grand regret assez énorme puisqu’il nous fait quand même patienter un bon moment, le film ne comporte que des qualités.
Pour commencer, un casting de folie ! Josh Brolin, Reese Witherspoon, Benicio Del Toro, Owen Wilson et surtout Joaquin Phoenix dans le rôle du détective hippie qu’il joue à merveille et nous rappelle étrangement un personnage mythique joué par Jeff Bridges pour les frères Coen. Les mésaventures du « Doc » nous amène à rencontrer des personnages tous plus fous les uns que les autres et à apprécier chacune des performances d’acteurs dont la réputation n’est plus à faire.
Mais c’est bien l’univers qui permet au spectateur de s’accrocher jusqu’au bout du trip sous LSD qu’est ce film. Il y a une véritable recherche de références architecturales, vestimentaires et culturelles qui nous replonge dans les années 70 à Los Angeles malgré une énorme quantité de plans tournés en studio. Le choix de la pellicule pour tourner le film permet d’ailleurs de renforcer cette immersion et l’on sent le travail qui a été fait sur le grain de l’image. Les couleurs et la lumière quant à elles, nous font pénétrer plus profondément dans le lunatisme psychédélique du personnage du « Doc » qui nous mène tant bien que mal à travers l’épopée de l’Amérique post-Woodstock.
Finissons-en. On compare ce film au génialissime « The Big Lebowski » des frères Coen mais c’est bien le film de Paul Thomas Anderson que vous irez voir. Une ambiance unique, des acteurs hilarants et excellents, et un mal de crâne jouissif. Que vous soyez nostalgiques, drogués, bourgeois ou hippie, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil à ce voyage acidulé sans vous arrêter à l’aspect laborieux de l’enquête qui trouve sa réponse dans le recul qu’offre la sobriété.

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le 2 nov. 2015

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