La magie reste un domaine du spectacle auquel le cinéma ne s’est que trop rarement frotté. Si l’on ne devait retenir qu’un seul titre, c’est bien Le Prestige d’un certain Christopher Nolan. Et ce même si son parcours dans les salles françaises fut une véritable catastrophe (seulement 193 166 entrées). À croire qu’une fille coupée en deux dans une boîte et autres lapins sortant d’un chapeau n’amusent que Patrick Sébastien dans son Plus Grand Cabaret ! C’est à ce défi que se lance Louis Leterrier, réalisateur issu de l’écurie Besson (les 2 premiers Transporteurs et Danny the Dog) avant de faire ses premières armes à Hollywood (L’Incroyable Hulk, Le Choc des Titans). Le frenchie a-t-il réussi son tour de passe-passe ?

Insaisissables, tout comme Le Prestige, livre aux spectateurs, dès le début, une définition de ce qu’est un tour de magie. Ici, du moins, comment aborder un tour et sous quel angle ! Être émerveillé en le scrutant ou bien prendre du recul pour mieux discerner les faux-semblants. D’emblée, vous pouvez associer cette phrase au film !

Si vous voulez être ébloui par Insaisissables, regardez-le pour ce qu’il est, à savoir un divertissement d’excellente facture. Et pour cause, tout dans ce film a été programmé pour nous en mettre plein la vue ! Différemment de ce que certains réalisateurs comme Michael Bay ou plus récemment Guillermo del Toro peuvent faire avec un blockbuster dans les mains. Ici, Leterrier joue déjà sur son casting, dont la liste brille de mille feux. Pour sûr, aurait-on pu prévoir qu’un jour un film aurait comme têtes d’affiche Jesse Eisenberg (The Social Network, Bienvenue à Zombieland), Woody Harrelson (Tueurs nés, Zombieland aussi, 2012), Isla Fisher (Serial Noceurs, Confessions d’une accro du shopping), Mark Ruffalo (Zodiac, Shutter Island, Avengers), Mélanie Laurent (Je vais bien, ne t’en fais pas, Inglourious Basterds, La Rafle) et un passage éclair de notre cher José Garcia ? Sans compter la présence de deux monstres du cinéma américain que sont Morgan Freeman et Michael Caine ? Eh bien, Insaisissables a orchestré rien que pour nous cette réunion de prestige, où tous jouent avec conviction (Eisenberg prétentieux, Harrelson drôle, Fisher avec de la répartie, Ruffalo caractériel, Laurent rayonnante…).

Et puis, le film, dans son intégralité, sent l’entertainment à plein nez. Il va même droit au but ! Alors que le film démarrait de manière classique voire barbante à devoir nous présenter les personnages et leur tisser des liens et passés dont on se fiche royalement, le scénario propose une ellipse d’un an (les préparatifs de nos 4 « chevaliers ») qui nous propulse illico au début d’une action qui va durer 1h40 ! Où les tours de magie vont s’exécuter, les agents du FBI courir dans tous les sens, une séquence au corps-à-corps et une autre de course-poursuite en voitures ajoutées dans le lot, le tout servi à grand renfort d’effets spéciaux et de jeux de lumière. Bref, Insaisissables s’offre à nous tel un spectacle !

Un show haut en couleur aidé par une mise en scène et un montage qui donne au film une énergie des plus folles. La caméra se glisse aisément dans chaque espace (naturel ou numérisé) où elle se trouve et on se laisse emporter sans soumettre la moindre résistance ! Et quand le film part dans de l’action véritable, l’adrénaline s’invite aussitôt en nous. Un show également aidé par la magie, tout simplement ! Du petit tour de cartes qui fonctionne toujours jusqu’à une fille entrant dans une bulle de savon et flottant dans les airs, tout est là pour émerveiller et impressionner (du moins visuellement). Des tours de passe-passe qui permettent de mettre en valeur toute la malice des personnages et surtout d’un scénario diablement captivant, parsemé de twists qui (peuvent) faire leur plus bel effet.

Dans le cas contraire, si vous voulez prendre du recul (être critique et difficile, en quelque sorte), vous mettrez sur le devant de la scène le manque de travail en ce qui concerne les personnages et ces fameux twists aussi invraisemblables que la réalisation des gros tours de magie du film (le coup des piranhas, la bulle de savon, les hologrammes se s’effritent en billets…). Mais le propres d’un tour de magie ne serait-il pas de se laisser emporter, émerveiller par ce que l’on voit au lieu de chercher (parfois en vain) la solution à ce qui vient de se passer ?

Alors, au lieu de vouloir descendre un film, considérer le comme un tour et regardez-le comme un spectateur qui a soif de sensations. Car Insaisissables est un divertissement bâtit comme tel, qui saura vous rassasier en terme de spectacle. Ne vous laissez pas attirer par des artifices, foncez tête baissée dans ce show incroyablement rythmé ! Si le film n’a rien à voir avec Le Prestige (niveau travail du scénario et de l’ambiance), il lui suffit pourtant de claquer des doigts pour se montrer comme l’un des meilleurs blockbusters de cet été. Amusant, captivant et spectaculaire ! Comme quoi, il n’y a pas qu’Abracadabra comme formule magique !

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le 31 juil. 2013

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