Il faut voir ce film comme une longue balade folk.



Inside Llewyn Davis retrace un bout de l’histoire d’un jeune chanteur de folk new-yorkais, Llewyn, personnage interprété par Oscar Isaac (connu uniquement pour ses rôles secondaires dans Drive ou bien Robin des Bois, à l’affiche du dernier Star Wars). Assombri par le suicide de son partenaire, Llewyn semble avoir renoncé à ses ambitions ; il va et vient sans vraiment savoir où cela le mènera, tentant vaille que vaille de vivre de sa musique. Éternel baroudeur, sans pied à terre fixe, il crèche là où l’on veut bien de lui, chez des amis, de la famille, de vagues connaissances, chez Jean (Carey Mulligan, que l’on a vu dans Drive ou encore Gatsby le Magnifique), la petite copine d’un ami qu’il a mis enceinte… Il finira par entamer un voyage à destination de Chicago, au détour duquel il décide d’auditionner auprès du directeur d’une grande maison de disques, sans grand succès…


Il faut voir ce film comme une longue balade folk, qui n’a pas vraiment de point de départ ni de point d’arrivée. D’ailleurs, l’histoire finit comme elle a commencé. Les amateurs de scénarios riches et construits seront peut-être donc déçus par le vide narratif de l’œuvre des frères Coen. Mais, cela dépend du regard que l’on adopte. Il suffit de suivre la balade ! Llewyn enchaîne les mésaventures, toutes plus incongrues les unes que les autres, en partie à cause de tous ceux qui croisent sa route, névrosés, excentriques, loosers, dépressifs, … Bref, ils ont tous un grain, mais aussi pas mal d’humour et de répartie ! Lui nous est livré brut de pomme, sans doute volontairement, peut-être pour que l’on construise nous-même du sens et que l’on appréhende le musicien progressivement, mais sans jamais parvenir à le saisir entièrement. Plus le film avance, plus notre sentiment à son égard se précise. On a beau le sentir parfaitement détaché, extérieur à tout, complètement paumé, transpirant la mélancolie, triste, blasé, amère, parfois même blessant, on s’attache quand même à lui, à sa sensibilité qui s’exprime parfois, à l’air penaud et coupable qui imprègne constamment son visage.


En bref, si l’on est à la recherche d’un film un peu décalé, agrémenté d’une bande son sympathique, dans lequel on a juste à se laisser porter, Inside Llewyn Davis est le film de la situation !

SarahPons
7
Écrit par

Créée

le 20 nov. 2016

Critique lue 238 fois

2 j'aime

1 commentaire

Sarah Pons

Écrit par

Critique lue 238 fois

2
1

D'autres avis sur Inside Llewyn Davis

Inside Llewyn Davis
Sergent_Pepper
8

That’s all folk.

« Pendez-moi, j’ai défié le monde… » chante Llewyn dans la chanson qui ouvre le film. Tout est là, comme souvent chez les frères Coen, pour irrémédiablement condamner le protagoniste. Parasite,...

le 15 avr. 2014

141 j'aime

6

Inside Llewyn Davis
Socinien
7

Notes à benêt

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes session 2013, Inside Llewyn Davis est en effet un très bon cru des frères Coen qui se déguste avec délectation : un film ironique, pluvieux et hivernal, ce...

le 26 mai 2013

79 j'aime

18

Inside Llewyn Davis
Torpenn
6

Les douze coups de minou

Il existe au cinéma une véritable esthétique de la moulasse, avec de très nombreuses variations autour de la moule au milieu du salon, quelque chose qui place le mollusque au niveau des losers...

le 15 nov. 2013

70 j'aime

22

Du même critique

Les Nouveaux Sauvages
SarahPons
7

Pari réussi !

Il y a quelque chose de complètement déjanté dans ce film et c’est ce qui le rend absolument génial. L’histoire des Nouveaux Sauvages est plurielle et, à la fois, englobante. Plusieurs scénettes...

le 20 nov. 2016

1 j'aime

Mon roi
SarahPons
10

Coup de cœur !

Mon Roi est tout simplement grandiose ! Le dernier film de Maïwenn, Mon Roi, nous livre la descente aux enfers d’un jeune couple, ou dirait-on plutôt celle d’une femme sous l’emprise d’un amour...

le 20 nov. 2016

1 j'aime

Fatima
SarahPons
6

Un angle intéressant...

3 César, 4 Nominations Meilleur film 2016 : Ce film est fort en ce qu’il traite d’une thématique peu soulevée, à ce jour, sous cette forme par le cinéma français. Ce ne sont pourtant pas les films...

le 14 oct. 2018