Début 60 à New York, moment de déferlement de chanteurs et chanteuses folk et artistes en tous genres, de la soixantenaire harpiste au boys band en pull à chandail blanc. Llewin Davis essaie de percer, écume les cafés-théâtres et les canapés d’amis, resquille quelques sous pour manger. Il jalouse ceux qui réussissent dans une forme de compromission artistique et méprisent ceux qui semblent réussir par hasard. L’hiver se fait froid, et sans logement ni même manteau, son idéalisme teinté d’arrogance en prend un rude coup. Car Llewin n’est pas exempt de fautes, lui qui se sabote lui-même, et qui s’aliène les autres par égoïsme et vue court-termisme.

Le film est une déambulation presque désespérée, la lente déliquescence des illusions d’un homme qui n’est pas plus exceptionnel que les autres. Les frères Coen signent ici un film assez dramatique, réaliste, presque dépourvu d’humour, et dont on a du mal à percevoir l’issue. Oui, on rigole parfois, et la cocasserie pointe le bout de son nez, comme avec la récurrence du chat ou la séquence de la voiture. C’est très long pour quelqu’un qui fait du surplace dans sa propre banalité. Je n’arrive pas à trouver de charme à Llewin Davis, et peu d’intérêt dans les coups dans lesquels il se fourrent. Les frères Coen ont l’habitude de nous captiver face à des histoires de marginaux et de losers magnifiques grâce à l’ironie, l’humour mordant. Ils arrivent à transcender de la banalité. Mais ici, c’est trop feutré.

AlicePerron1
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Alice Perron

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