DeuxSidious

Trois ans après Insidious, James Wan remet donc le couvert pour une suite direct aux mésaventures de la famille Lambert et enchaîne par la même occasion son troisième film de fantômes après The conjuring. Insidious - chapitre 2 pourrait être aussi un film charnière pour James Wan, le jeune réalisateur souhaitant quitter un peu l'univers du cinéma horrifique pour se frotter à d'autres genres à commencer par le blockbuster d'action avec la future mise en scène de Fast and furious 7. Alors ce Insidious Chapitre 2 constitue t-il un gros baroud d'honneur ou un aveu à peine dissimulé qu'il est franchement temps de quitter le cinéma de genre ? Réponse partielle dans cette critique ...

Insidious – chapitre 2 recommence donc exactement là où le précédent film se terminait. Les Lambert partent s'installer chez la mère de Josh. Alors que la police enquête et que la famille tente de retrouver un peu de calme et d'équilibre, les événements surnaturels recommencent prouvant que les esprits sont loin d'en avoir terminé avec Josh et sa famille.

Les événements s’enchaînent donc directement avec ce second opus et si le film débute par un flashback ce n'est pas en forme de résumé de l'épisode précédent mais pour revenir sur l'enfance du personnage de Josh toujours interprété par Patrick Wilson. Les phénomènes paranormaux reviennent donc très (trop) vite s'inviter dans l'action et si le décor change, la tension et la mécanique elles, restent globalement les même. Une nouvelle fois James Wan , tout en faisant preuve d'une certaine efficacité bien renforcée par la toujours formidable musique de Jospeh Bishara, nous ressort une belle panoplie de clichés surannés et de scènes largement éculées. Piano qui joue tout seul, babyphone captant une présence démoniaque, apparition dans un miroir où au second plan, longue exploration de couloirs, portes qui grincent et jumps scares foireux à gogo tout est bien en place et comme la suite semble justifier une sorte d'absence totale de fond, James Wan nous balance illico tout au visage et sans la moindre exposition comme pour dire « voilà vous connaissez les personnages, l'histoire et vous voulez de la tension on va pas trop se faire chier non plus ». Du coup la pauvre Rose Byrne en est réduite à faire des allers retours entre la chambre de sa fille et le piano qui joue tout seul pour exister un peu à l'écran avec un air de circonstance semblant dire « Oh mon dieu ça recommence ! ».

Heureusement le récit se scinde assez vite en deux parties avec une enquête menée en parallèle par les Dumb & Dumber du paranormal toujours interprétés par Leigh Wanell (également scénariste) et Angus Sampson qui sont d'ailleurs toujours aussi désespérément peu drôles à tenter de l'être. On aurait pu avoir un troisième point de vue intéressant avec le flic menant l'enquête sur la mort d’Élise mais le personnage et cette sous intrigue est carrément expédié aux oubliettes du scénario à la vitesse grand V, le personnage ne servant finalement qu'à rappeler vite fait les événements du premier film lors d'une scène d'interrogatoire. Du coup qui pourra expliquer qui a vraiment tuer Elise puisque ce ne sont pas les empreintes de Josh et que les esprits ne peuvent interagir directement avec les vivants ? C'est une des nombreuses question que le film laisse derrière lui (??) . Mais revenons à nos deux enquêteurs paranormaux, aidés d'un médium et de la mère de Josh ( Barbara Hershey) qui vont donc visiter un hôpital abandonné avec une salle des archives comme neuve et une maison lugubre histoire de glisser un peu de found footage dans la sauce. Je ne vais pas non plus faire le rabat joie car cette scène d'exploration du repère de Parker Crane est objectivement le meilleur moment du film. Bien que pas très folichonne, cette première partie constitue pourtant de loin la meilleure du film puisqu'elle a le mérite d'offrir au moins deux bonne séquences de flippe avec le gamin appelé sur son talkie-walkie de fortune par un esprit caché dans son placard et la découverte inquiétante du repère de Parker Crane.

Pour la suite ça va carrément se gâter avec un Patrick Wilson possédé qui s'arrache les dents comme Kevin Bacon dans Hypnose, hurle en se tenant la tête pour faire taire les voix dans son crâne comme tous les possédés et se la joue Nicholson dans Shining en défonçant les portes à coups d'extincteur. L'acteur a beau éviter le cabotinage outrancier son interprétation prête tout de même plus à sourire qu'à s'enfoncer de trouille dans son fauteuil. Pas très rassurant non plus pour le futur Fast And Furious, James Wan nous montre alors quelques courses poursuites bien bordéliques dans la maison et des combats totalement illisibles entre Josh et Rose. Quand à la vision de l'au-delà, elle est encore plus cheap que dans le premier film avec de la fumée, une lumière bleue et des vieux tout nus qui jouent les panneaux indicateurs. Le film tente alors d'explorer le background de la fameuse vielle femme terrifiante qui semble suivre Josh depuis le premier film en racontant le trauma fondateur de l'esprit tueur démoniaque à travers une séquence particulièrement maladroite pour rester poli. Dans une sorte de flashback James Wan invoque les esprits de Psychose à moins que ce ne soit Massacre au Camp d'été en nous montrant une vielle totalement hystérique et maquillée à la truelle absolument ridicule hurlant comme une tarée sur son fils déguisé en petite fille qu'il doit s'appeler Marie-line et non Parker, ça pourrait être flippant mais là c'est juste involontairement drôle et presque embarrassant. A vouloir expliciter cette étrange présence maléfique James Wan finit par en saboter une grande partie de l'aura mystérieuse en nous montrant finalement un assez grotesque travelo en robe de marié.

Abandonnant toute logique de temporalité grâce à la magie des projections astrales (C'est super pratique pour faire n'importe quoi) James Wan nous ressort alors la scène bien flippante du berceau du premier film histoire de lier les deux histoires ensemble et d'expliquer des choses qui n'ont pourtant pas lieue de l'être (L'alarme qui se déclenche). On aura ensuite droit au retour de Élise en sauveuse post-mortem mais les retrouvailles de Josh et la vieille médium dans l'autre monde ne sont pas non plus d'une finesse et d'une intensité dramatique mémorable et comme dans le premier film tout semble faire lamentablement pschttttttttt à mesure que ce second chapitre avance vers son dénouement en forme de bon gros happy-end. Car franchement peut on trouver plus ridicule et tartignole que ce gamin qui à l'aide d'une micro sieste express dans le fracas parvient à aller rechercher son papa perdu dans l'autre monde pour rassembler toute la petite famille juste avant le générique de fin. Une fausse fin d'ailleurs puisque le film prépare déjà avec un cynisme mercantile un peu honteux une éventuelle suite grâce à une séquence qui n'a d'ailleurs aucune autre raison d'exister que de laisser la porte ouverte à une ou de très nombreuses autres suites. Un Insidious 3 qui devrait faire la part belle au Scooby-gang des deux enquêteurs paranormaux, c'est dire si on a hâte d'y être (en tout cas pas moi).

Insidious était certes décevant mais offrait une bonne série B parfois bancal mais parfois flippante, cette suite est objectivement bien moins agréable et laisse le goût amer des produits formatés et manufacturés selon un sens aigu de la formule (Sinister, Dark Skies) et balancer à la tête des spectateurs comme des plats surgelés avec l'air un poil méprisant que ça suffira bien pour se caler une dent creuse. Il est peut être effectivement temps d'aller voir ailleurs pour James Wan et de revenir au genre quand il aura de nouveau vraiment envie de nous raconter quelque chose. En attendant je crois que l'on est bien parti pour se fader autant d'Insidious que de Saw ou Paranormal activity.

(Critique écrite à l'époque de la sortie du film en 2013)