Rouge sur blanc, tout fout le camp

Après le succès considérable de Memento, Nolan se voit confier le remake d'un film norvégien du même nom, deux ans seulement après la sortie de l'originel, dans la plus pure tradition américaine. Du coup, changement de décor, adieu la Norvège, bonjour l'Alaska, aussi froide mais plus conforme aux attentes de l'oncle Sam.

Légèrement revisité pour s'adapter aux goûts de nos amis d'outre atlantique, le scénario conserve tout de même le nom de Erik Skjoldbjaerg, le réalisateur d'origine. Dans le genre classique et efficace, l'histoire n'apporte rien de nouveau au genre, mais ne pouvait qu'intéresser Nolan, tant il comporte ses thèmes favoris. A travers des dialogues très bien écrits, on retrouve ainsi ses réflexions sur la quête de la vengeance, sur la notion de justice, ainsi qu'un face à face entre deux personnages dont l'un est en quelque sorte la copie en négatif de l'autre.

Plus besoin d'effets de montages, comme dans ses oeuvres précédentes, le récit se déroule de façon classique, mais Nolan n'a pu s'empêcher d'insérer quelques images vaguement énigmatiques, comme des flashs apparaissant à plusieurs points dans le film. Cet effet est malheureusement trop utilisé pour fonctionner sur les deux heures du film, et se révèle être un peu trop artificiel pour convaincre vraiment.

Sa mise en scène, quant à elle, se révèle moins efficace que dans ses autres films. Si sa caméra sait parfaitement mettre en valeur les paysages arides de la région (sans doute une part majeure dans le cahier des charges imposés) elle peine parfois à insuffler du rythme à l'action. Certaines scènes fonctionnent à merveille (la poursuite dans la brume en est l'un des plus beaux exemples), d'autres en revanche souffrent un peu à se mettre en route, et on a parfois du mal a ressentir la tension lors de certains face-à-faces.

Dommage, surtout que le casting, une nouvelle fois, réunit des têtes d'affiches au sommet. Al Pacino, dans la peau d'un inspecteur corrompu aux méthodes discutables, s'amuse à recréer son rôle de Heat. Face à lui, pas de DeNiro mais un Robin Williams à contre emploi, diablement crédible en tueur un peu pathétique. Entre les deux hommes, Hilary Swank, alors mono-oscarisée, peine à s'imposer, la faute à un personnage pas forcément assez développé.

Un polar intelligent et bien écrit mais souffrant de quelques lacunes, sans doute le plus faible dans la filmographie de Nolan. Le syndrome du film de commande?
Hyunkel
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mr Nolan, ou le surdoué du cinéma

Créée

le 12 mars 2012

Critique lue 314 fois

1 j'aime

2 commentaires

Hyunkel

Écrit par

Critique lue 314 fois

1
2

D'autres avis sur Insomnia

Insomnia
Chaosmos
7

Les rêveries d'un promeneur solitaire

Après un Memento certes séduisant mais artificiel dans sa structure bien souvent, Insomnia semble alors s'imposer comme le premier vrai tournant cinématographique pour Christopher Nolan. Film de...

le 29 août 2017

36 j'aime

2

Insomnia
Gand-Alf
7

Ouvre les yeux.

Auréolé du succès de son "Memento", Christopher Nolan se vit offrir la réalisation de cet "Insomnia", remake d'un intéressant polar norvégien signé Erik Skjoldbjaerg. Racontant grosso merdo la même...

le 10 oct. 2012

29 j'aime

4

Insomnia
chinaskibuk
9

Grand hommage

Un an bientôt que l'ami Piero s'en est allé. Avec le recul, j'ai pensé à beaucoup de choses, certaines ne peuvent être dites sous peine de bannissement illico presto, d'autres peuvent l'être, et...

le 3 oct. 2021

28 j'aime

16

Du même critique

Ma première fois
Hyunkel
3

L'amour au temps du Biactol

Bon en même temps, c'est vrai qu'avec un titre pareil, il ne fallait pas s'attendre à un film contemplatif sur la méditation transcendantale. Et que le résumé laissait augurer du pire. Mais bon, de...

le 17 janv. 2012

57 j'aime

6

Il était temps
Hyunkel
4

Back to the boring

Empereur de la comédie romantique à l'anglaise, Richard Curtis fait prospérer les vendeurs de mouchoirs depuis déjà vingt ans. Qu'il soit derrière la plume, comme pour 4 mariages et un enterrement et...

le 27 nov. 2013

29 j'aime

17

The Dark Knight Rises
Hyunkel
5

Gotham champ de bataille

Il y a sept ans, avant la sortie de Begins, Nolan partait avec le confort offert par un anonymat relatif, et surtout le désastre innommable, ineffable et total qu'était Batman et Robin. Aujourd'hui,...

le 27 juil. 2012

28 j'aime

7