Nos vies, si chères
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Il y a un procès à propos d'Into the Wild que je trouve injuste. On dit que le héros est con, mal préparé. Mal préparé oui, con non. Le type a l'assurance inconsciente de la jeunesse, un jusqu'au-boutisme qui vient à la fois de son âge et de son caractère. Il pense pouvoir survivre seul dans la nature grâce à des lectures et des conseils pris ici et là, mais il a un manque cruel d'expérience (c'est un citadin). De même, n'ayant presque pas vécu, ses pensées sont empruntées aux grands auteurs qu'il dévore. Il est jeune, quoi. Et il va le payer cher.
On dit qu'il est égoïste de quitter sa famille ; je pense que ceux avançant de tels propos n'ont pas grandis dans une famille dysfonctionnelle. Ses parents ne sont pas seulement cons, ils sont toxiques. La soeur du héros dit qu'ils se disputent au moins une fois par jour, mettant leurs enfants dans la position d'accusés et de juges, bref une place intenable, irrespirable.
Que personne ne critique son parcours. Là c'est de la mauvaise foi. Entre le fermier qui tente de calmer ses ardeurs, et des regards qui en disent long sur l'inconscience totale de son expédition, je pense que ce type attire tout simplement la sympathie, mais que personne n'est en mesure de l'arrêter. Il faudrait quoi ? Qu'ils l'enferment ? Ses rencontres sont par ailleurs toujours de courte durée, puisqu'il fuit avant de s'attacher.
Et que des pseudo-rebelles prennent ce film pour référence, le film n'y est pour rien.
Je ne vois pas Into the Wild comme une leçon de vie, mais comme un parcours de vie. Ce fantasme, qu'on a probablement tous, de fuir la civilisation, ses obligations aliénantes, ses convenances hypocrites, pour se (re)trouver, soi, lui il l'a fait. C'est l'histoire d'un gâchis, total, con, irréparable, celui de parents indignes qui n'ont pas su aider leur fils à devenir quelqu'un. Alexander se définit non par ce qu'il est, mais par ce qu'il ne veut pas devenir, un petit con pourri gâté qui fait des sourires arrogants dans les bars branchés des grandes villes. L'être factice qu'il cherche à détruire en lui, qu'il craint, n'existe pas. Mais parce qu'il est trop jeune, il l'ignore, d'où cette quête insensée, cette fuite en avant en appliquant une stratégie des terres brûlées.
Pour préparer son expédition, Alexander aurait eu besoin de plusieurs années de pratique. La fuite se fait dans l'urgence.
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Créée
le 13 juin 2016
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