Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Après « Je préfère qu’on reste amis » (2005), « Nos jours heureux » (2006) et « Tellement proches » (2009), trois comédies appréciées, le duo de scénariste et réalisateur Olivier Nakache et Eric Toledano présentent en 2011 leur quatrième film, « Intouchables ».


Philippe est un riche homme d’affaires, devenu tétraplégique suite à un grave accident de parapente. Il recherche désespérément un auxiliaire de vie correct, à tel point que tous les « heureux élus » jettent rapidement l’éponge. Un jours, lors d’un entretien d’embauche, se présente Driss, un jeune homme d’origine sénégalaise, qui n’a aucune formation et vient de sortir de prison. Alors que celui-ci souhaite volontairement être refusé, Philippe décide contre toute attente de l’embaucher. Bien que Driss se montre au départ négligent, voire dangereux, un lien va se créer et se développer entre ces deux hommes différents, mais qui ont tout à apprendre de l’autre…


Eric Toledano et Olivier Nakache nous avaient habitué avec leurs premiers films aux comédies, ils décident cette fois-ci de développer une histoire ayant un ton plus dramatique, tirée d’une histoire vraie. En effet, Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique depuis 1993 et Abdel Yasmin Sellou, son aide à domicile, sont deux personnes ayant inspiré les réalisateurs pour créer les personnages de Philippe et Driss. Leur histoire et union touchante est parfaitement représentée dans le film.


Les deux profils des personnages permettent de développer la tonalité du film. Driss est un jeune homme à problèmes, ayant des blessures secrètes dues à son enfance. Il vient d’une banlieue difficile, vit au sein d’une famille très/trop nombreuse, avec notamment un jeune frère appartenant à un gang, et il sort tout juste de prison pour avoir braqué une bijouterie. A côté de cela, il montre une réelle humanité, avec son humour et sa volonté de bien faire.
Philippe, de son côté, est un homme qui se sent seul, surtout depuis le décès de sa femme, alors que le couple essayait désespérément d’avoir un enfant. Aujourd’hui, il n’a plus que sa fille adoptée, jeune adolescente rebelle, et les gens qui le regardent avec compassion et pitié, ce qui l’agace au plus point. Et ne pouvant plus bouger seul, il ne dispose d’aucun échappatoire, si ce n’est son esprit, quand la douleur le laisse tranquille.


Si ce duo de personnages fonctionne aussi bien, c’est grâce aux deux interprètes, qui sont tous les deux brillantissimes. Alors que les premiers choix des réalisateurs étaient Daniel Auteuil et Jamel Debbouze, ils ont finalement choisi deux autres acteurs : François Cluzet pour Philippe, Omar Sy pour Driss. Si le premier est véritablement excellent dans son rôle, c’est le deuxième qui crève l’écran : acteur fétiche de Toledano et Nakache, avec qui il a joué dans leurs deux films précédents, Omar Sy interprète son personnage à la perfection, avec tous les talents qu’on peut lui rattacher habituellement – son humour, sa classe, ses talents de danseur. Son César du Meilleur Acteur en 2012, arraché au nez et à la barbe d’un Jean Dujardin qui récoltait toutes les récompenses pour son rôle dans « The Artist », est amplement mérité.
Le reste du casting, notamment Audrey Fleurot, Anne Le Ny et Clotilde Mallet pour les rôles féminins, s’en sort également assez bien.


Le travail de Toledano et Nakache est très juste, tous les éléments sont présents pour faire un bon film. Le scénario est parfaitement maitrisé, avec un très bon montage qui permet à celui-ci d’être assez original, notamment en ce qui concerne l’humour. En effet, on trouve plusieurs séquences avec des scènes de quelques secondes qui s’enchainent avec un cut très clair et non caché, mais qui renforce le caractère humoristique de ladite scène : cela concerne par exemple la scène du « blind test », les essais de vêtement de Philippe, le rasage de ce dernier par Driss, etc. Plusieurs autres scènes et/ou répliques sont excellentes, notamment le fameux « pas de bras, pas de chocolat », devenu culte. Aussi, Philippe entretient une relation épistolaire originale et savoureuse ave une femme, tandis que Driss joue à un amusant jeu de chat et de souris avec Magalie, l’assistante de Philippe, ce qui permet d’éviter les clichés des histoires d’amour dans lesquels les scénaristes ont l’habitude de tomber.
Par ailleurs, la réalisation est très bonne. On peut notamment penser à la scène d’ouverture, où l’on voit Driss et Philippe en voiture, poursuivis par la police sur le périphérique parisien. Cette scène est très bien tournée. Leur seule erreur surgit lors de la scène de danse de Driss, car il n’y a aucun plan large, ce qui est regrettable, car on ne peut pas profiter pleinement des talents de danseur d’Omar Sy.
Une nouvelle fois, on n’oubliera pas à quel point les réalisateurs sont mélomanes. Ils font appel au grand Ludovico Einaudi pour la plupart des musiques originales, empruntant notamment les morceaux « Fly » et « Una mattina », et utilisent également des musiques plus populaires, notamment les morceaux « Boogie wonderland » (scène de danse) et « September » (scène d’ouverture) du groupe Earth, Wind and Fire.


« Intouchables » est une vraie réussite, et cela s’en est ressenti au box-office. Il est devenu le deuxième film français le plus vu dans les salles de cinéma, derrière « Bienvenue chez les Ch’tis » de Dany Boon, avec plus de 19 millions de spectateurs. Ce succès populaire et critique est une consécration méritée pour Toledano et Nakache, deux réalisateurs qui font du bien au cinéma français, comme le montre la (quasi) totalité de leur filmographie. Si l’Académie des Césars les boycottent au niveau des récompenses (28 nominations toutes catégories et films confondus, dont 9 personnelles – Meilleur Film, Meilleure Réalisation et Meilleur Scénario – et 9 également pour « Intouchables », pour une seule récompense au total, pour… Omar Sy), ils ont acquis une notoriété telle que chaque sortie d’un nouveau film du duo est très attendue. Ce superbe film présente un très joli duo de personnages, interprétés par un excellent duo d’acteurs, et mis en scène par un très talentueux duo de réalisateurs. Ce dernier est essentiel pour le cinéma français et fait du bien. A l’image des deux personnages du film, Olivier Nakache et Eric Toledano forment un duo plein d’humanité, de talent, de bonne volonté, de travail, d’humour et de tendresse. Un duo de choc, en définitive.

HugoDe_Ranter
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Films

Créée

le 2 nov. 2021

Critique lue 126 fois

1 j'aime

Hugo De Ranter

Écrit par

Critique lue 126 fois

1

D'autres avis sur Intouchables

Intouchables
Aurea
6

Amis pour la vie

Le ton est définitivement celui de la comédie mais une comédie teintée de l'émotion d'une rencontre pas comme les autres, où deux êtres que tout semblait opposer se trouvent, se découvrent et se...

le 7 janv. 2012

83 j'aime

41

Intouchables
takeshi29
5

7.0 ? Ah ouais quand même...

Voilà donc le film qui aura tant agité les foules durant de longs mois. Box-office en feu, phénomène sociologique et donc médias en boucle, forums de discussion agités par d'interminables discussions...

le 20 sept. 2014

61 j'aime

9

Intouchables
Gand-Alf
8

I'm feel good.

Le problème quand un film cartonne, c'est que sa véritable valeur est rapidement eclipsée par le phénomène qu'il suscite. On ne sait plus trop où donner de la tête entre les critiques élogieuses, les...

le 30 janv. 2013

56 j'aime

Du même critique

Malcolm & Marie
HugoDe_Ranter
8

L'histoire de l'amour

En France, pendant le confinement de mars 2020, des réalisateurs/scénaristes ont eu l'idée de nous pondre des films comme "Connectés", loin d'avoir un grand intérêt. De l'autre côté de l'Atlantique,...

le 8 févr. 2021

2 j'aime

Le Sens de la fête
HugoDe_Ranter
8

On s'adapte !

Pour Jean Pierre Bacri (1951-2021), au talent immense, qui va nous manquer. 6 ans après le succès retentissant de leur chef d'oeuvre "Intouchables" et après leur dernier film "Samba" (2014), qui...

le 18 janv. 2021

2 j'aime

Mississippi Burning
HugoDe_Ranter
8

Les flammes de la haine

Dans les années 1960, le tristement célèbre Ku Klux Klan (KKK) était très/trop actif, s'en prenant aux citoyens américains (essentiellement les afro américains) qui luttaient pour l'exercice de leurs...

le 25 avr. 2021

1 j'aime