19h30, arrivée au cinéma. Une gentille speakerine annonce au micro que les 3 séances à venir sont déjà complètes. 15 séances par jour, salles combles, des files d'attente à n'en plus finir : ça en disait déjà long sur la ferveur et le buzz autour du film.
Va pour 22h15, dernière séance.
2h plus tard, l'évidence était là : Intouchables nous a touchés.

Après "Nos Jours Heureux", fort sympathique, et "Tellement Proches", un peu niais, les deux potes d'enfance Eric Toledano et Olivier Nakache s'attaquent aujourd'hui à un sujet sensible et casse-gueule : la tétraplégie.

Plus qu'un simple film sur le handicap, Intouchables est avant tout un film social, qui s'attarde sur les relations humaines, et qui parvient à concilier deux mondes différents : le riche/le pauvre, l'handicapé/le sportif, le très terre-à-terre/le très insouciant.

Alors que le film aurait pu tomber dans les clichés les plus lourdingues, la finesse d'écriture des deux réalisateurs le rendent parfaitement équilibré.
A la fois pudique, osé, comique, grinçant, drôle, émouvant, Intouchables c'est Noël à l'avance : il nous offre plein d'émotions en un temps restreint.

Quant à l'humour, il joue à chaque fois dans la nuance : jamais gratuit, jamais vulgaire.
Même si certaines vannes sentent parfois le réchauffé ("Pas de bras, pas de chocolat"), Omar Sy nous donne l'impression de les découvrir pour la première fois, tant son rire est communicatif.

Au final, c'est plus souvent l'acteur qui provoque le rire que les blagues en elles-mêmes (la scène de l'opéra est à pleurer de rire). Souvent drôle, parfois touchant, il tient là son meilleur rôle au cinéma et marque beaucoup de points dans le paysage français.

Et d'un autre côté, on a François Cluzet, qu'on ne présente plus mais qui ne cesse de nous surprendre. Une performance remarquable, touchante, vibrante.
L'aspect sérieux du film est abordé avec un tel détachement, avec une telle ironie que le personnage ne nous inspire jamais la pitié (ou que très rarement).
Nous raconter l'histoire d'un tétraplégique sans jamais tomber dans le pathos, je crois que c'est ce qui fait la force du long métrage.

Intouchables permet surtout d'ouvrir les yeux, de voir les choses autrement, nous qui pouvons courir, sauter, marcher, gambader, être autonome.
C'est une véritable leçon de vie qui a pour but de bousculer les aprioris, de décoincer les gens, de délier les langues, de rompre le tabou.

Terminons par une citation de Gilles Le Druillenec : « Pourquoi est-ce tabou en France de rire des handicapés ? On ne veut pas d'un regard de compassion, ni de pitié. Nous voulons être reconnu au même titre que tout le monde ! »

Et oui, n'oublions pas : les handicapés sont souvent les premiers à rire d'eux-mêmes.


Créée

le 13 nov. 2011

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badgone88

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