Une question que je me suis posé en regardant IO (2019) est : Qu’y a-t-il à contempler dans un film contemplatif ?
Car contemplatif, IO l’est assurément et délibérément. La science fiction y est minimaliste à l’excès, l’action au sens large y est quasi inexistante et les dialogues sont lents —on dirait que Margaret Qualley (Sam) et Anthony Mackie (Micah) sont sous xanax—, voire mous.
À cette question, donc, je ne vois qu’une réponse possible : une atmosphère fascinante portée par un sujet profond (la forme, et le fond). Dans cet ordre. Évidemment, certains films n’ont que l’un ou l’autre, et on peut être sensible plus à l’un qu’à l’autre. Mais un film contemplatif sans fond sera plus souvent qualifié d’exercice de style et un film contemplatif sans forme sera plus souvent taxé d’intello. Mais revenons à IO.
Malheureusement, au niveau de la forme, IO n’a pas grand chose de particulier à nous offrir. Il s’agit de la seconde réalisation du français Jonathan Helpert après un ultra confidentiel House of Time (2016). Si j’ai bien aimé l’opacité de l’atmosphère (au sens premier du terme) dans certaines scènes, tantôt humide, poussiéreuse, presque palpable, le reste m’a laissé parfaitement indifférent. Et certains détails m’ont fait tiquer, comme le maquillage “nature" de Sam visible sous son masque à gaz ou cette même Sam manipulant ses abeilles OKLM sans équipement d’apiculteur.
Et au niveau du fond ? Las, le trio de scénaristes débute également et ça se sent. IO est une fable écologique un peu simplette, qui sert à promouvoir un mode de vie alternatif (végétarisme, recyclage, retour à la terre, etc), avec en ligne de mire un “avant” fantasmé. Sam est en effet obsédée par le passé (vieux télescope, cassettes audios, musique classique, mythologie). Elle rompt avec Elon, qui symbolise le futur, quand il est clair qu’ils ne peuvent pas coexister. In fine, IO est binaire, comme son titre.
Après tout ce ne serait pas tellement un soucis si c’était bien amené et bien écrit. Mais les dialogues sont prétentieux, les twists sont gros comme des maisons, et ils ont confondu rythme lent et absence d’action. Encore une fois, certains détails vendent la mèche assez tôt, comme cette catastrophe écologique vague (coucou Interstellar), ou certains concepts scientifiques sans queue ni tête (extraire l’énergie géothermique d’autres planètes. LOL).
Bref, IO est une fable écologique moralisatrice et visuellement quelconque. Ah, et on s’emmerde. Ça me donnerait presque envie de revoir Interstellar.