Un rien refroidie par un premier volet trop bavard, un peu caricatural et que je n'ai regardé jusqu'au bout que grâce au charme de Robert Downey Jr, c'est malgré tout ragaillardie par The Avengers que j'attaquais Iron Man 2, l'espérant légitimement moins centré sur Stark et plus ouvert à une dynamique de groupe. Après tout, l'affiche réunissait le génial Sam Rockwell, le très bon Don Cheadle et Mickey Rourke.
Et le film démarre à vrai dire plutôt bien, posant la question de savoir si Stark doit légitimement ou non partager sa technologie qu'il utilise certes pour protéger sa nation mais qui si copiée par les pays ennemis, pourrait bien s'avérer meurtrière. Sauf qu'en posant l'adversaire moral de Stark sur ce terrain précis comme le méchant de l'histoire, le scénario ne permet jamais la réflexion. Peu importe qu'Iron Man soit un héros blindé de défauts et doté d'une personnalité arrogante voire mégalomane : en faisant de ses adversaires des incompétents ou des idiots, le film ôte toute idée de nuance au personnage, qui reste finalement le seul capable de gérer la situation / sauver le monde.
Enfin le monde... Sa propre société d'abord, lui-même ensuite. Puisqu'Iron Man est malade, intoxiqué par le dispositif même qui lui permet de survivre. Ah, ironie, quand tu nous tiens... En soi l'idée n'est pas dénuée d'intérêt mais qui s'inquiétera vraiment du sort d'Iron Man au sein du film Iron Man 2 ? Le coeur du problème est là : pas d'enjeu au delà des ennuis que Stark se créé presque tout seul. Les questions morales ou politiques posées par la situation de départ sont très vite évacuées pour une intrigue finalement limitée à une opposition binaire entre Stark et Hammer, le corporatiste vertueux contre le financier véreux. Et malgré tout son talent, Sam Rockwell ne peut s'imposer face à Downey Jr avec le matériel qui lui est donné. Quant au personnage de Rourke, s'il manipule dans les faits celui de Rokwell, peu importe, il n'est qu'une ombre aux motivations absurdes et au background incohérent, en somme, un "méchant" tout désigné destiné à baliser un peu plus le mince scénario du film.
Iron Man 2 apparait alors bien vite comme un film très opportuniste, semblant plus exister pour introduire les éléments futurs d'Avengers (le rôle plus poussé de Coulson, l'apparition de Nick Fury, et surtout, la mise en place de Natacha Romanov, aucun de ces personnages ne servant réellement l'intrigue centrale au final). Mais pas grand chose à retenir de cet opus là en soit...
La mise en scène ne me laisse aucun souvenir rétinien particulier, bien que le film soit propre, très lisible et offre sa dose syndicale de fun et de décalage. Les sourires arrachés ça et là ne compensent pas non plus le manque de rythme et surtout, l'absence totale de suspens (la question de savoir si Stark va mourir ne tient pas une seconde et les destins de tous les autres personnages sont désamorcés en quelques secondes à peine.) Le film n'existe que par Stark / Robert Downey Jr - qui livre certes un très bon show - et ne donne aucune raison de s'attacher aux protagonistes satellites, quand l'entourage d'un super-héros fait généralement tout le sel et les problématiques du genre.
La plus grande menace qui pèse finalement sur Stark - son cœur de palladium qui le tient en vie mais l'empoisonne tout en même temps - est lui-même. On peut y voir une allégorie volontaire du scénario, et pourtant c'est exactement la même menace qui pèse sur Iron Man 2, sans que personne ne songe à y chercher un remède : celui-là même qui porte tout le film sur ses épaules finit par sinon l'empoisonner, le vampiriser au détriment de tous les autres éléments.
