Iron Man 2 par Julie Splack
Si Jon Favreau avait su concocter un cocktail explosif et réjouissant avec le premier opus, triste est de constater que les suites des aventures de l'homme de fer se trouvent être décevantes. La faute d'abord au scénario laborieux de Justin Theroux, manquant d'enjeux et d'entrain, à tel point que le long-métrage semble faire du surplace en milieu de parcours. A force de bavardages à l'excès et de scènettes peu serviables au développement de l'histoire, on finit par trouver le temps long. On a bien saisi la volonté de fragiliser le personnage de Stark, histoire de dramatiser un peu le récit et de fendre la carapace d'acier d'Iron Man. Le milliardaire narcissique, bien que farouchement sympathique, se voit ainsi devenir mourant à cause du palladium qui le tient en vie, mais qui infiltre simultanément du poison dans son corps. Il n'en faut pas plus au bonhomme pour s'abandonner aux joies de l'alcool et de la nonchalance, l'arrachant au passage à son piédestal de super-héros super-star, tout en s'attisant les foudres de ses proches. On ne remet plus en doute la faculté de Robert Downey Jr. à s'imprégner totalement de son personnage crâneur, avec toujours cette aisance folle pour camper des rôles atypiques. Un héros peu orthodoxe qui a su faire l'unanimité auprès du public avec son auto-dérision et son humour grinçant, son attitude d'adulte-adolescent que sa secrétaire s'efforce de discipliner et de gérer au mieux. Un filon que la réalisation a bien compris, mais qui bascule ici dans la surenchère, Tony Stark devenant presque une caricature de lui-même. Si l'humour parvient encore à faire mouche, ça en devient du coup presque lourd par instant. A force de vouloir en faire toujours plus, on en fait trop. Même les chamailleries de Tony Stark et Pepper n'amusent plus, devenant insipides voire agaçantes. C'est quand même bien dommage tout ça, car il y avait matière à bien faire, surtout avec un méchant aussi charismatique que Mickey Rourke. Le bonhomme excelle et amuse avec son cure-dent, son perroquet, son sourire métallique et ses mèches sales. Un Whiplash qui envoi du lourd à l'opposé de Justin Hammer, le rival jaloux de Stark campé par Sam Rockwell, plus pitoyable que mauvais. Pour le reste de la distribution on trouve Don Cheadle, remplaçant Terrence Howard dans le rôle de Rhodey, ce dernier n'ayant pas réempiler son rôle en raison de certains désaccords avec la production. On retrouve avec plaisir l'atout charme de Gwyneth Paltrow, auquel s'ajoute celui de Scarlett Johansson, femme fatale et ravageuse dans la combinaison latex de la Veuve Noire. Regrettable que son personnage soit si mal exploitée malgré son double rôle, à la fois secrétaire et agent du SHIELD, sa présence n'étant finalement pas indispensable au déroulement du récit. Il paraît assez évident que la Veuve Noire est introduite ici dans la perspective du tant attendu Avengers. Il semble d'ailleurs que Marvel se soit ouvertement servis de ce second opus d'Iron Man pour préparer le terrain avant la sortie du crossover. Le sujet des Avengers revient d'ailleurs à plusieurs reprises au cour du long-métrage, et pas seulement après le générique de fin, amené par le personnage de Nick Fury, le président du SHIELD, campé par Samuel L. Jackson. On remarquera également quelques clins d'oeils (peu dissimulés) à d'autres membres des Avengers, comme lorsque Stark calle son accélérateur de particules avec le bouclier de Captain America. Mais avant de faire mumuse avec ses copains super-héros, Tony Star va devoir affronter ses propres démons auto-destructeurs, fermer le caquet des convoiteurs de son incroyable armure, lutter bataille contre Whiplash, bien décidé à crier vengeance, et une dizaine de drones, sans oublier de sauver in-extremis sa secrétaire bien-aimée. La routine quoi. Faut dire que même si le long-métrage peine à faire preuve d'intérêt à mi-chemin, le blockbuster tient tout de même ses promesses en terme d'action et de divertissement. Les explosions fusent et les entre-chocs d'aciers grondent avec fougue, appuyés par des effets spéciaux scotchants, rythmés par les tubes électrisants d'ACDC. Tout n'est donc pas à jeter dans cette suite, loin de là, mais l'étincelle du premier s'est réellement évanouie. Jon Favreau a d'ailleurs légué la réalisation à Shane Black pour le troisième opus en préparation. Un projet qui s'annonce délicat après la sortie d'Avengers, puisqu'il n'y aura plus d'indépendances entre les différents protagonistes, et qu'il va falloir faire preuve d'ingéniosité pour bien dégoupiller tout ça... A voir.