J’ai découvert It Follows au moment où je ne croyais plus au cinéma d’horreur moderne.
Comprenez-moi : c’était en 2015, je n’avais rien vu de bon depuis La Dame en noir et Sinister (sortis depuis plusieurs années déjà) et je venais en plus de m’enchaîner ces deux erreurs de la nature que sont Unfriended et Pyramide. Peu de gens peuvent se vanter d’avoir gardé la foi après ça.
C’est donc sans grande conviction que j’ai tout de même laissé sa chance à It Follows, pensant tomber sur un énième bousin sans intérêt… Et au final, grand bien m’en a pris : ce film m’a fait croire à nouveau en un cinéma horrifique post-2010 de qualité.


Je ne peux pas vous faire de long résumé de peur de trop en dire, mais sachez que le titre résume l’essentiel : dans It Follows, Jay, notre héroïne, se fait poursuivre.
« OK, mais encore ? » êtes-vous probablement en train de vous dire, ô lecteurs impatients… Eh bien, si je vous dit qu’elle se fait littéralement poursuivre tout le temps, sans répit, par une créature lente mais inarrêtable, qui peut prendre l’apparence qu’elle veut (celle de ses amis comme celle de parfaits inconnus) : le niveau du trouillomètre monte déjà de quelques crans, non ?


Avec un tel scénario, vous comprenez sans doute pourquoi je qualifie ce film de « paranoïaque » : on ne sait jamais à quelle distance de Jay se trouve « La Chose », ni même à quoi elle ressemble : n’importe quelle personne apparaissant en arrière-plan devient donc un potentiel suspect…
Bon, quand c’est une petite vieille flippante à l’air morne qui traverse les couloirs d’un lycée ou une jeune femme qui se balade à poil dans la rue, le doute n’est pas vraiment permis… Mais lorsque l’on voit une adolescente qui se promène de manière apparemment innocente dans un parc, se rapprochant peu à peu de notre protagoniste… Ou quand c’est cet homme en T-Shirt blanc, que l’on voit marcher droit derrière elle… On ne peut que ressentir notre estomac se nouer, notre gorge se serrer, et regarder la scène, impuissant, priant pour que ce ne soit pas « La Chose ».


Et il n’y a pas qu’avec la créature que le film nous fait douter de notre perception.
L’univers même dans lequel se déroule l’histoire est étrange : réaliste, mais avec un petit je-ne-sais-quoi de dérangeant, comme si quelque chose n’allait pas ou n’était pas à sa place… Par exemple, la temporalité est incertaine : on ne sait jamais si l’on se situe dans le passé, le présent ou le futur… Et où sont passés les adultes, absents durant la grande majorité du film, obligeant nos protagonistes adolescents à se débrouiller par eux-mêmes ?
Tout cela est très efficace pour mettre le spectateur légèrement (et parfois inconsciemment) mal à l’aise, avant même que l’horreur ne s’invite dans le récit.
Mais bien sûr, aucune de ces belles idées n’auraient vraiment d’intérêt si le tout n’était pas appuyé par une réalisation intelligente et très travaillée, une cinématographie superbe et une bande-son étrange et envoutante signée Disasterpeace, qui nous propose ici des morceaux en 8-bits parfois sinistres, parfois plus doux, parfois décalés, mais toujours inquiétants.


Le film nous fait douter, nous rend aussi paranoïaque que son personnage principal (si ce n’est plus car, à l’inverse de Jay, on peut voir ce qu’il se passe derrière son dos) et si It Follows ne fait au final pas très peur, il provoque tout de même un sentiment de tension permanent, chose dont peu d’autres films peuvent se vanter.


https://moonlight-reads.com/une-petite-selection-de-films-dhorreur

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le 16 août 2019

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