128eme film de l'année 2021 et rattrapage de ce métrage qui avait fait grand bruit et sa sortie, on peut dire à juste titre.
On suit l'histoire de Jay, qui après un rapport sexuel d’apparence anodin, se retrouve confrontée à d’étranges visions et l'impression que quelqu’un ou quelque chose la suit.
La hype entourant l'œuvre visuelle pouvait laisser présager une relative déception mais il n'en est rien selon moi. Celle-ci n'étant pas à proprement parler un film d'horreur comme on l'entend mais plutôt tel un film d'ambiance anxiogène, malsaine, dérangeante qui pèse tout le long du récit faisant planer une menace quasi-invisible et lourde venant peu à peu entourée les protagonistes, les plongeant peu à peu dans une paranoïa aigue dont ils ne peuvent s'en sortir.
Infiniment bien construit et narré dans un tempo lent par une trame narrative allant crescendo dans le surnaturel tout en étant le plus terre à terre possible avec des moments horrifiques sans grands renforts d'effets spéciaux putassiers ou musiques outrancières qui peuvent facilement donner une boule au ventre pour les plus sensibles, il est évident que le mélange cinéma d'auteur et cinéma d'horreur avec une parfaite maitrise de sa cinégraphie a su séduire une large palette de spectateurs.
Cette histoire de cette menace fantôme/slasher invisible à tous sauf aux personnes traquées est très bien montrée à l'écran poussant les protagonistes dans leurs retranchements avec des dilemmes moraux particulièrement ardus notamment durant cette période de la vie.
Ce mélange de boulimie sexuelle mêlée à une honte sombre ne les quittant jamais, avançant de paire avec une inexorable et irrémédiable mort est particulièrement bien malsain. Ici point de triomphalisme, de retournement de situation radieux mais un fatalisme à toutes épreuves emportant le récit dans un fin douce amer assez peu commune à Hollywood.
Grâce à un scénario bien trouvé et ficelé, les personnages sont au cœur du récit, ces derniers même si à certains égards peuvent rester légèrement caricaturaux notamment dans les personnages secondaires, l'ensemble est quand même assez bien développé avec une certaine profondeur et surtout nuance pour l'actrice principale, Maika Monroe particulièrement brillante, ainsi que les autres protagonistes principaux naviguant autour d'elle.
J'ai particulièrement adoré ses nuances de jeu pouvant aller dans l'insouciance de l'adolescence, la compassion, la peur, la résignation, la culpabilité ainsi qu'un large panel d'émotions toutes plus fortes que les autres.
Au niveau visuel, c'est assez brillant avec une photographie et cinégraphie de qualité alliant un savoir-faire au niveau de la composition des cadre, enchainement des plans, utilisation de l'espace et de la multiplicité des décors finement bien exploité donnant quelques plans selon moi assez iconiques ce qui est assez rare dans ce genre d'œuvre intimiste, mais aussi un savoir-être quant à la vision d'ensemble et le ton rendant le métrage tant cohérant sur le fond que sur la forme.
La partie sonore étant tout aussi bien trouvé avec un ensemble mixage, bruitage, BO, ambiance sonore sublimant les images à l'écran et s'accordant bien au propos du récit.
C'est au final un film maitrisé de A à Z avec un concept prenant permettant au casting de pleinement s'exprimer grâce à un tempo lent permettant à l'histoire de puiser dans des ressources et émotions faisant son petit effet auprès du public, en particulier vis à vis des plus sensibles.
J'ai bien aimé la prestation de l'actrice principal ainsi que le ton du métrage et je ne suis jamais ennuyé!
C'est franchement à découvrir sans craintes et par tous.