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It follows, ou "Traquée" dans sa version Quebecoise est certainement le meilleur film d'horreur que j'ai vu ces 10 dernières années. Et j'en ai vu un paquet, je vais même chasser la pépite méconnue dans des festivals.


Le film est à la fois atypique, pour son scénario et la manière dont il l'aborde et en même temps très classique par certains aspects et très respectueux des codes du genre auquel il m'a semblé vouloir rendre hommage.


On a donc affaire à une galeries d'adolescents empotés et d'adolescentes canon en petite tenue, confrontés à une menace invisible et incoercible qui les décime l'un après l'autre, dans un petit coin perdu des états unis, sur fond de découverte de la sexualité.


Là où le film se démarque de ses ainés, c'est dans son traitement incroyablement épuré et sa manière d'extraire l'essence même de ce qui crée la peur et la tension dans les films de sa catégorie en limitant l'exposition au strict nécessaire et en limitant la plupart des personnages à des archétypes attendus mais efficaces, sans s'encombrer de la moindre fioriture superflue.


C'est un peu comme s'ils s'étaient demandé : "Bon, qu'est-ce qui fait peur, fondamentalement dans un film d'horreur ?"
1- Les personnages sont poursuivis
2- Ils sont poursuivis par une force invicible et inébranlable, qu'ils ne peuvent ni arrêter ni ralentir
3- La menace est invisible, personne ne les croit ou ne peut les aider.
Pas besoin d'enrobage, d'explication, de malédiction de Gypsie, de cimetière indien ou d'exposition à des radiations. On se fout de connaître le passé de l'héroïne ou de la voir parler à un prêtre/scientifique/exorciste qui lui expliquera les tenants et les aboutissants. Ici, les "règles" sont acquises sur le tas et une grande partie de la tension réside dans le fait que ni les personnages ni les spectacteurs ne connaissent les lois qui régissent la 'chose'.


Une des grandes forces du film, d'ailleurs, est de jamais trop en montrer et de laisser le spectateur essayer de comprendre comment 'fonctionne' la menace et comment lui échapper.


A titre d'exemple la chose n'a aucune présence physique pendant les deux tiers du film. On ne la voit pas ouvrir de portes, bousculer de personnages, briser des objets, et ce n'est qu'après une heure que l'on réalise qu'elle est beaucoup plus tangible qu'on aurait pu le croire, ce qui va faire encore faire monter la tension d'un cran.


La mise en scène est magnifique, les éclairages sont parfait et les cadrages sont à tomber. La musique électronique de Disasterpiece est à la fois puissante, atypique et très dérangeante, tout en faisant écho à certaines OST de films de Carpenter et autres classiques des années 70-80.
https://www.youtube.com/watch?v=7dwvCkaTBz0&list=PLbRpHkuMazSLFsP80IeevRHNMrH6noa7-

Ezhaac
9
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le 17 juil. 2016

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Ezhaac

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4

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