Second long-métrage de l'américain David Robert Mitchell, It Follows, sorti de nul part, aura fait sensation dans les nombreux festivals où il fut projeté, remportant notamment le Grand Prix et le Prix de la critique à Gérardmer, ainsi que le Prix de la critique internationale à Deauville.


Inspiré par un cauchemar récurrent du cinéaste, It Follows détourne habilement les codes du slasher, en premier lieu cette notion très puritaine de l'héroïne virginale. A partir d'un point de départ aussi fantaisiste que pertinent, il transforme l'éternel boogeyman masqué en une menace impalpable et protéiforme, dont on ne peut se débarrasser (momentanément du moins) qu'en couchant avec une tierce personne. Une façon iconoclaste de pointer du doigt une société biaisant l'image de la sexualité chez ses adolescents, immédiatement affiliée à la mort, à la maladie ou à l'égoïsme, alors qu'il n'est finalement question que de partage.


Rappelant par instant le crépusculaire All the Boys Love Mandy Lane dans sa démarche méta, It Follows peine cependant à susciter l'émotion, tuée dans l'oeuf par son cadre froid et mortifère. Pourtant éloignés des canons du genre, les jeunes protagonistes, si l'on excepte l'héroïne dont le calvaire est plutôt bien restitué, n'arrivent pas à exister réellement, trop souvent laissés au second plan, comme si le metteur en scène ne souhaitait nous les montrer que comme des victimes potentielles.


Si le film ne fonctionne pas toujours (pas facile de représenter une menace invisible), It Follows compense heureusement ses défauts par une mise en scène au cordeau, planante, créant une atmosphère anxiogène et désenchantée, renforcée par la superbe bande-son signée Disasterpeace..


Peut-être pas la bombe annoncée en ce qui me concerne, cette version déviante de Final Destination n'en constitue pas moins une proposition fort intéressante, utilisant un genre ultra-codifié pour mieux parler d'une jeunesse incomprise et que l'on veut brider ou culpabiliser. Ce qui est finalement la définition même d'un bon film de genre.

Gand-Alf

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