Après avoir reçu le Grand Prix au festival Gerardmer, spécialisé dans le cinéma d’épouvante, It follows a peu à peu gagné en notoriété et était attendu comme LE film d’horreur de ce début de l’année 2015. Les premières critiques acclamaient un film intelligent, novateur et esthétique. On suit dans ce long-métrage Jay, une jeune fille qui, après une relation sexuelle, se retrouve suivit en permanence par une présence maléfique, le fameux « It » du titre.

Le film, définitivement à ranger dans la catégorie épouvante/horreur, mélange pourtant plusieurs sous catégories de ce genre très codé. On peut y trouver des éléments faisant penser aux slashers, ces films mettant en scène les meurtres d’un tueur psychopathe, et plus particulièrement le Halloween de John Carpenter, la chose du film faisant fortement penser à Michael Myers, apparaissant au loin, toujours menaçant et à la démarche pourtant tranquille. Ce qui peut aussi se rapprocher des zombies de George A.Romero. Mais It follows est aussi et avant tout un film fantastique, dans le sens où il met en scène une malédiction et une créature surnaturelle.
Venons-en maintenant au but premier d’un tel film : instaurer la peur. Le film parvient dès le début à créer une ambiance très particulière, grâce notamment à l’esthétique très soignée. Le cinéaste alterne habilement entre les plans larges, magnifiques, et les plans presque attachés aux personnages, suivant ses mouvements, comme si cela avait été filmé avec une GoPro (avec une image nettement plus belle bien sûr). Le spectateur est en permanence sous tension, sentiment accentué par la bande son, très réussie, qui nous ramène, en utilisant avec abondance des synthés, dans les années 80 (John Carpenter encore). Et cette constante tension finit par aboutir aux véritables scènes d’épouvante, où la menace prend forme. C’est la passivité apparente du « it », alors qu’il avance inexorablement vers sa victime, qui rend ces scènes (une plus particulièrement) véritablement effrayantes. En effet le spectateur est comme capturé, la chose avance, inarrêtable, une peur viscérale s’installe alors dans le pauvre corps du spectateur, malmené par les images cauchemardesques et la musique discordante.
Si le film offre donc de véritables moments d’horreurs réussis, il tombe malheureusement aussi dans les erreurs classiques du genre. Tout d’abord, les personnages agissent par moments de manière totalement insensée, on a plusieurs fois envie de leur crier « mais pourquoi tu fais ça abruti, c’est complétement idiot ! » (l’apogée étant atteint lors de la scène de la piscine…) comme dans nombre de films d’horreurs. De plus, ces personnages flirtent véritablement avec les clichés, surtout les deux garçons du film, entre celui sûr de lui, qui ne croit pas à ce qui arrive, alors qu’il se passe clairement quelque chose de louche, et l’autre, l’amoureux transi de l’héroïne, qui est l’homme le plus gentil du monde, mais un peu looser. La promesse d’un film qui renverse les codes n’est donc pas tenue.
Si certaines scènes d’épouvantes pures sont réussies, le réalisateur (lui ou quelqu’un d’autre) ne peut s’empêcher d’intégrer quelques jumpscares au film. Ce procédé est particulièrement agaçant, surtout lorsque ces sursauts n’apportent aucun intérêt particulier au film, si ce n’est regarder son voisin après avec l’air de dire « j’ai sursauté pour un ballon qui tape contre une vitre lol ». Les jumpscares ne sont pas nombreux, certes, mais le film aurait gagné à n’en posséder aucun, se fonder uniquement sur la véritable peur et éviter tout sursaut inutile. On peut également reprocher au film une certaine répétitivité. Les « attaques » de la chose se ressemblent toutes, à quelques détails près. Vers la fin du film, les scènes sont donc nettement moins efficaces, le film a du mal à se renouveler.
Si vous vous attendez à un renouveau du film d’horreur, vous risquez donc d’être un peu déçu. Par contre, si vous allez le voir en pensant ne pas avoir peur du tout puisque vous êtes un habitué des films de ce genre, vous pourriez être surpris. It follows est un film honnête, beau et effrayant, mais qui ne mérite peut être pas l’adulation de certaines critiques.
Jean-Maxime
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le 10 févr. 2015

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