AVIS A CEUX QUI N'ONT PAS VU CE FILM : pour les besoins d'un bon développement, je suis obligé de spoiler la fin du film, donc ne pas lire le dernier paragraphe.


Parmi les films de guerre tournés par John Wayne, Iwo Jima reste l'un des plus percutants et surtout, avec les Sacrifiés, film méconnu de John Ford, c'est l'un des seuls qui abordent la guerre de façon sérieuse et non par une imagerie naïve et glorieuse sur les exploits de l'armée américaine, ce qui n'empêche pas un aspect propagandiste perceptible. En fait, il n'échappe pas tout à fait à ce travers puisqu'il présente l'ennemi japonais supérieur en nombre mais inférieur en intelligence.
Cependant, les scènes de combats, et les scènes de débarquement à Tarawa et Iwo Jima sont réalisées avec une maitrise remarquable par le vétéran Allan Dwan, dans un mélange de bruit, de fureur et de peur, il y a aussi quelques scènes très émouvantes.
Wayne y joue un sergent instructeur qui mène ses hommes avec une discipline de fer, mais dont ils apprendront à comprendre pourquoi il est ainsi, ça leur sauvera la vie à certains. Son personnage est toutefois plus nuancé et plus profond qu'il n'y parait, on voit malgré son allure de sous-off intransigeant, qu'il est sensible et qu'il a raté sa vie sentimentale, ce qui le fait sombrer dans l'alcoolisme. Son opposition avec le caporal incarné par John Agar, réserve de bonnes scènes, et son rôle lui permettra d'être nommé aux Oscars, la statuette lui échappant de peu.
La fin du film reste évidemment tragique puisqu'elle se conclut avec la mort du sergent, tué de manière absurde, frappé à l'improviste par une balle perdue d'un tireur embusqué, alors que les Marines viennent de remporter la bataille d'Iwo Jima et vont hisser le drapeau américain au sommet de l'île sur le mont Suribachi, scène restée tellement célèbre qu'elle a été immortalisée par une photo prise le 23 février 1945 par le photographe Joe Rosenthal, et qu'un monument de bronze reproduira la célèbre photo sur le mémorial du Corps des Marines au cimetière d'Arlington. La scène est reproduite à l'identique dans le film. Cette mort imprévue et presque sans gloire surprend et choque, alors que John Wayne trouvait une mort en vrai héros dans d'autres films de guerre comme Alerte aux Marines en 1944, mais cet épilogue est destiné surtout à donner un ton amer à la victoire, en insistant davantage sur le coût humain de la guerre que sur la victoire d'Iwo Jima, démontrant comme beaucoup de films le feront, le côté dérisoire et l'absurdité des conflits.

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le 9 mars 2020

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Ugly

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