Un vengeance à froid n’est rien, souffre, souffre comme moi je souffre odieux diable.

La vengeance à la coréenne commence à sérieusement m’inquiéter. Ils sont complètement dingues ces coréens ! On ne va pas citer tous leurs films de vengeance mais mentalement…je ne serais pas surpris qu’un petit câble est cédé au détour d’une rue envahit de Samsung et de LG.


J’ai rencontré le diable est encore une fois dotée d’une folie vengeresse quasiment sans égale. Certainement l’une des vengeance les plus malsaines possible. Celle qui voit l’innocent devenir aussi dingue que ses bourreaux. On se demande d’ailleurs qui est le plus dingue au bout d’un moment. Qui est le plus sadique tellement le film dégage au fil des minutes une ambivalence terrible entre le diable et le vengeur à ses trousses. Entre la souris et le chat.


Difficile finalement d’aborder la question du scénario sans trop en dévoiler. Difficile même de le
« critiquer » car finalement le filon de la vengeance on le connait. C’est surtout sur le côté épique et malsain de la confrontation que J’ai rencontré le diable fait très fort (horrible le coup du tendon punaise !).


Cette course-poursuite vers la folie est enlevée, rythmée, stylisée par la création et l’inventivité que les coréens mettent dans la réalisation. Les plans et les scènes sont tous aussi magnifiques les uns que les autres. La scène du taxi est juste dingue (la caméra qui tourne autour des protagonistes, c’est du génie !), comme celle dans le cabinet médical où dans la baraque…c’est complètement fou.
Le film renie quasiment toute humanité au bout d’un moment, il n’est même plus question d’amour comme dans The Chaser ou Bittersweet life…Tout le monde ne vit que pour sa soif de sang (il reste une petite notion d'amour quand même !...mais......). En témoigne la scène finale qui est tout bonnement cruelle, on aurait presque de l’empathie pour ce diable. J’ai rencontré le diable va vraiment très loin, c’est peut-être la première fois où l’innocent refait vivre à la famille du bourreau la même souffrance que lui, a vécu.


Le duo Lee Byung-hun/Choi Min-sik est fabuleux, il se dégage une telle haine et à la fois une forme d’admiration malsaine entre les deux. Le plaisir de voir la haine de l’autre et sa souffrance dépasse l’entendement surtout qu’au bout d’un moment….Soo prendrait presque du plaisir à suivre l’assassin de sa défunte femme. Cette bouffée haineuse qui s’évapore quand le diable disparait lors de cette scène magnifique sur la route, une scène finale qui clos une vengeance extrême, sanglante et pas forcément libératrice tant chacun y aura perdu.


Je regrette finalement quelques « bizarreries » scénaristiques et quelques facilités. Certains enchainement manquent un peu de clartés et de finesses mais c’est surtout la scène où le diable se rend à la police (totalement absente en passant) où Soo le récupère, qui est trop improbable dans un film, où jusque là, tout était presque parfait.


Quand bien même, en regardant J’ai rencontré le diable, on sombre dans la vengeance, on sombre dans la folie, dans le noir totale où le seul brin de lumière est cette bague. Cette petite bague représentant la dernière raison de vivre d’un homme. La dernière lueur d’espoir et d’humanité dans un monde sans foi ni loi où le premier qui faiblira, mourra dans d’atroces souffrances parce que la douleur aura dépassé la haine, aura dépassé l’amour, aura dépassé la souffrance elle-même pour ne laisser qu’une tête.

Halifax

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9

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