Quand je ne sais pas quoi penser d'un film, je mets 5. C'est le cas ici, tiraillée entre grosse déception, ou coup d'éclat. Le plus dur avant de voir un film qui est sorti il y a quelques années, c'est de ne pas faire fi des argumentaires autour de toi, surtout les positifs, qui te promettent le nouveau génie de demain. Ainsi, il y a toujours de fortes chances d'être déçue.


Une chose est sûre pour moi : Xavier Dolan est peut-être un génie, il ne l'aura pas démontré avec ce film. Entre auto-masturbation intellectuel de bobo , B.O très peu convaincante, un jeu d'acteur pas terrible ( pour lui ) et surenchère de l'étalonnage ( on dirait que les plans sont passés sur instagramm LOL ), j'ai failli décrocher totalement du film, gavée par un jeu très répétitif, des seconds rôles peu exploités ( je reviendrai sur celui de la mère ),un...scénario ? Si on peut appeler ces quelques lignes de péripéties pré-pubères, grotesque.


Et puis, il y a le contexte, et quelques fulgurances assez dingues. Le contexte, c'est la précocité de l'auteur, il y a tout de même un remarquable travail d'observation des relations humaines dans ce film, on a du mal à croire qu'il n'avait pas 20 ans avant de le réaliser. Si l'étalonnage est carrément outrancier, le montage est quand à lui, efficace. Encore une fois, en privilégiant longuement les plans sur les dialogues humains, ou plutôt, le non-dialogue, le perte de communication, le cadrage mettant souvent très bord cadres les acteurs et seul, rompant tout dialogue accessible le champ-contre-champ, miné par le malaise et le manque de l'autre, on ne peut pas reprocher au film d'afficher une photographie assumée et précise à défaut d'être parfaitement cohérente. C'est dommage, la sophistication de l'image se doit de répondre à de véritables enjeux dans le fond, à la hauteur de ce qu'on voit à l'écran. Hors, on ne suit que les péripéties d'un Xavier Dolan agaçant, étalant une partition très limitée d'émotions… Une impression de décalage se crée, et perturbe la cohérence globale. Le film aurait gagné à être beaucoup plus sobre dans l'esthétique, sans que l'on puisse dire que la forme soit ratée.


Si globalement, la direction d'acteur et la mise en scène sont franchement inexistantes ( donc pas la peine de s'étendre… ), le rôle de la mère est remarquablement interprété par Anne Dorval, la scène du téléphone avec le directeur est juste mythique.


En conclusion, on sent un véritable potentiel chez ce Xavier Dolan, une volonté de proposer quelque chose de différent, mais tout ceci semble miné par un " cinéma " ( il me fait plus penser à un téléfilm ) nombriliste, bourgeois. ( Mise à jour : Ah, et je n'avais pas remarqué que François Arnaud s'appelait Rimbaud dans le film... cela illustre bien cette petite branlette intellectuelle mise en place notamment avec les textes sur-imprimés, comme dit plus haut)

-l-
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le 22 mars 2014

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Na Nou

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