Indissociable de l'histoire de Jack l'Eventreur, la nuit et le brouillard londoniens constituent comme convenu son paysage incontournable. Sur le mode expressionniste, John Brahm construit un récit qui se place du côté du tueur de femmes de façon à en ébaucher la personnalité.
Psychopathe hanté par la mort de son frère qu'il attribue à la malfaisance de femmes légères, Jack l'Eventreur apparait donc moins comme un monstre que comme un malade mental. Entre chacun de ses meurtres, pudiquement éludés par la réalisation, le cinéaste expose le comportement du sinistre Slade dans sa relation avec ses propriétaires, dont les soupçons produisent par ailleurs des scènes fortement agaçantes.
Car, comment ses loueurs pourraient-ils douter de la véritable nature de leur locataire lorsque celui-ci multiplie grossièrement les indices de sa culpabilité ? Les roulements d'yeux et les effarouchements puritains du tueur sont constamment des aveux ! Certes, l'ostentation est une des caractéristiques du style expressionniste mais elle a aussi son revers, ici, dans l'absence de subtilité de la mise en scène. Moins axé sur le suspense que sur une atmosphère d'angoisse, le film de John Brahm semble davantage préoccupé par son formalisme que par la vraisemblance et l'originalité de l'intrigue policière.