Jacquou la faucille

Dans la grande histoire du cinéma français durant les années 2000, on trouve un bon nombre de films qui ont subit la pression d'un studio, en l'occurrence ici, c'est Pathé films qui a fait pression sur le projet pour qu'il soit fait en un seul long métrage et non en deux films comme le souhaitait son réalisateur, Laurent Boutonnat. En connaissant cela, difficile d'imaginer qu'un tel projet pouvait réussir, surtout quand on pense au travail de réécriture qu'à dû subir le film pour tenir sur 2h30 au lieu de 5h. Dans un sens, cela peut aboutir à deux choses: soit on garde le meilleur du film et on obtient un succès, soit on obtient un Suicide Squad et les exemples sont légions malheureusement. Ce film n'échappe, malheureusement, pas à ce destin.

Jacquou est un personnage de la littérature française imaginé par Eugène Le Roy à la fin du 19ème siècle sous la Troisième République. On est ici face à une oeuvre sociale, dénonçant ouvertement l'ancien régime. Je n'ai pas eu l'occasion de lire le livre (encore une chose à faire tiens), nous allons donc uniquement nous concentrer sur le film et sur ce qu'il propose. L'histoire se situe peu après la chute de Napoléon, époque sombre où les restes de l'Empire était réduit à néant pendant la Grande Restauration. Le film nous propose donc un voyage donc l'histoire riche de notre pays. Pourtant, un détail frappe d'entrée: le film se concentre uniquement sur un petit lieu en France. Une question se pose: peut-être que le livre ne parle pas du tout de la France en général mais, le cinéma offre la possibilité de voir plus large, pourquoi ne pas avoir présenté des enjeux nationaux? Ne serait-ce que pour situer l'histoire à une époque donnée car ici, à part des références à la chute de Napoléon, le film ne tient pas du tout compte de la situation en France à ce moment-là. Pourtant, on parle ici d'un film historique.

Le film subit une vraie cassure en rapport avec sa situation dans l'histoire. Ne pas avoir choisi de donner plus d'impact à la situation en France impacte sur les motivations du personnage: on se retrouve donc face à une banale histoire de vengeance? N'est-ce pas un peu léger pour une adaptation d'un livre aussi fameux que celui-ci. Mais admettons, on se retrouve donc embarqué dans une histoire de vengeance. Un petit garçon veut venger son père: voilà l'histoire de Jacquou résumé en une phrase et honnêtement, le scénario ne va pas plus loin que cela. Pourtant, il était simple de rendre cela plus impactant ne serait-ce que par le fait que ce petit garçon est fils de Bonapartiste et qu'il s'attaque à la monarchie par le biais du comte de Nanssac. Voilà où je veux en venir, bien souvent, dans ce genre de film, ce n'est pas tant l'histoire principale qui compte mais bien le fond et ici, le fond n'est d'aucune utilité et ne justifie en rien les actions de ce personnage qu'avec sa vengeance personnelle. Donc, cela n'est pas tellement intéressant.

Ajoutons à cela le fait que le film est plat: il est terriblement long, souffre de longueurs facilement évitable et n'offre rien aux spectateurs en termes de reconstitution que le minimum syndicale. Pourtant, la France rurale de cette époque est vraiment intéressante, plein de détails auraient donner au film le mérite de vouloir également se faire témoin d'une époque révolue. Non, ici, on se contente de faire simple, rien n'est préciser et on ne cherche pas à donner d'information en plus ce qui est regrettable. Peut-être que je suis dur avec ce film mais, la grande force du cinéma français c'est d'être toujours juste vis-à-vis de notre histoire et ce film se moque tout simplement de notre histoire. Un exemple sorti l'an passé: L'Empereur de Paris est non seulement intéressant mais nous présente aussi la France telle qu'elle est à cette époque.

Jacquou Le Croquant est donc un mauvais film, on ne peut pas le dire autrement. Non seulement l'ensemble est fade et inintéressant mais, en plus, le film ne se fait pas témoin d'une époque. C'est pourtant une base, il ne suffit pas simplement de raconter une histoire dans le passé, il faut parvenir à faire croire aux spectateurs qu'il est bien dans cette époque. C'est vraiment dommage quand on pense à l'impact qu'aurait pu avoir un tel film, qui aurait pu se hisser au rang de fresque historique avec une volonté autre que de raconter bêtement une histoire de vengeance.