"Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme."


C'est drôle, mais... La première question que je me pose c'est comment cette femme, a priori jalouse mais sutout cassante, fait pour avoir une amie aussi aimante et loyale que Sophie (Anne Dorval) et une relation aussi apaisée et profonde avec sa fille (Dara Tombroff)...? Mystère. C'est un postulat qui, d'emblée, me gêne pour la compréhension de la psychologie du personnage principal et, a fortiori, des personnages secondaires. Il me faudra bien, au fil du film, composer avec ce malaise et une contradiction persistante accompagnée de beaucoup de superficialité : voulues ou non par les réalisateurs, encore une question qui demeurera sans réponse.


De clichés en rebondissements loufoques, le film se passe. Puis, une autre question me taraude vers la fin : pourquoi planter ce décor dans la petite bourgeoisie ? Doit-on comprendre que ce type de comportement se retrouve essentiellement chez ces gens-là ? Ou qu'il s'exprime de cette façon dans cette même classe ? S'agit-il d'une satire de ce milieu social ou encore d'auto-dérision ? Quel est l'intérêt de ce choix ? Pour moi, ce film, toutefois sauvé par Karine Viard, l'atout "sympathie" en faisant oublier les bas-fonds, est creux, pas abouti et incroyablement moraliste !


Le thème, pourtant banal et actuel, y est traité de façon "bizarre", j'oserai même dire "bâclée"... La préménopause a bon dos, on se perd dans une morale par moments franchement gênante(1), dans une vision du monde noire et blanche vaguement contrebalancée par le personnage d'Isabelle (Marie-Julie Baup), pourtant présenté comme une idiote au regard de ses répliques crassement naïves : une manie très parisienne sans doute, de confondre bêtise et gentillesse...? On dénonce, on cautionne ? C'est confus, on ne sait pas trop quoi comprendre ni penser, et ça me semble être (très) condescendant quand même. Bref, c'est méchant, voire misogyne, mais la fin du film, comme pour se prémunir de cette critique à venir, s'en tire à bon compte grâce à une énième pirouette - à mon sens assez grottesque.


Ce n'est pas de jalousie dont parle ce film, mais plutôt de bêtise et de méchanceté. A ce titre, j'en profite pour rappeler ce livre de François Cavanna que j'avais beaucoup aimé et qui traite à merveille du mal de notre siècle : "Bête et méchant" ! En psychologie, la jalousie est le désir de possession exclusive de l'autre. C'est probablement ce que je m'attendais à découvrir sous les traits lisses de cette Nathalie : un personnage profondément perturbé, écorché vif, mais attachant. Les gens peu authentiques, de mauvaise foi ou amoureux des clichés trouveront ce film "génial", tandis que les autres l'oublieront rapidement. Bref, on l'aura compris, je suis déçue de ce film que j'attendais néanmoins avec impatience ! Les frères Foenkinos, finalement, très peu pour moi...


(1) Je pense notamment à cette scène où Nathalie ment à son amie Sophie en lui affirmant avoir vu son mari dans les bras d'une autre, et que Sophie l'engueule en lui disant, en substance, de se mêler de ce qui la regarde. Euh, perso, je n'ai pas trouvé la réaction de Sophie crédible du tout ! Pour moi, c'est un regard d'homme qui nous est donné à voir, pas de femme. Ou bien alors celui d'une femme venue d'ailleurs ?

Mel_Do_Borel
5
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le 15 mars 2018

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Mel Borel

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