Romance plus rose que noire.

Ce film est l’adaptation d’un best-seller de Colleen Hoover paru en 2016 et parle des violences conjugales ainsi que de la manipulation psychologique ou de l’abus émotionnel d’un homme sur sa compagne, héroïne du long-métrage. Sans avoir lu l’ouvrage il apparaît clairement que le film passe à côté de son sujet. Justin Baldoni (qui réalise et joue le rôle de l’amant violent) favorise clairement l’aspect romantique et fleur bleue à sa thématique principale bien plus développée dans le livre. Ici tout est fortement édulcoré au profit d’un sentimentalisme commun à de nombreuses comédies romantiques ou drames du même genre. Avec « Plus jamais » tout apparaît donc lisse et comme broyé dans la machinerie hollywoodienne pour plaire au plus grand nombre sans choquer ou mettre mal à l’aise personne. Et le carton du film au box-office mondial semble avoir malheureusement donné raison aux producteurs (et au réalisateur?). À tel point qu’on aurait presque envie de lire le livre pour vérifier s’il est aussi aseptisé que le long-métrage qu’on nous présente ici.

On ne pourra pas en revanche rien enlever à la prestance, la classe et au charme incroyable de la magnifique Blake Lively, impeccable dans le rôle et aussi à l’aise dans les scènes de romance que dans celles de violence et de détresse. À ses côtés, Jenny Slate fait bonne figure en meilleure amie prise entre deux feux même si son personnage est souvent cantonné aux décors. On est moins emballé par les deux personnages masculins, plus fades ici, et dont le jeu des acteurs se limite à leurs peu de traits de caractère. L’un n’est pas aussi menaçant qu’il le devrait tandis que l’autre apparaît bien trop avenant et gentillet. Des protagonistes écrites de manière bien trop simpliste dans le scénario adapté par Christy Hall qui nous a pourtant livré son premier film récemment (« Daddio ») qui se révélait bien mieux écrit à ce niveau. À souligner que la jeune actrice jouant Lively jeune est également très bonne et que, pour une fois, elle ressemble vraiment à son pendant plus âgé, ce qui n’est paradoxalement pas si courant. On déplore également des ellipses un peu brusques dans la première partie - ou alors mal négociées - ainsi que des coïncidences heureuses qui s’accumulent un peu en dépit de la logique (le fait de retrouver les deux prétendants « par hasard » dans une grande ville comme Boston ou le coup du numéro de téléphone caché).

On passe donc deux heures avec « Jamais plus » à se demander si on ne s’est pas trompé de film tant le cœur du sujet tarde à être traité. On regarde une sorte de romance nonchalante et aseptisée qui n’est pas déplaisante en soi mais qui pourrait se ranger dans le rayon des multiples drames sentimentaux à l’américaine d’où rien ne dépasse. Ce n’est que lors du dernier tiers que le film aborde véritablement la violence dans le couple mais il le fait en prenant tellement de gants que c’en est presque risible. Voire même que ça ne rend absolument pas justice à toutes ces femmes qui ont souffert de bien pire. Comme si Baldoni avait peur de son sujet et préférait le remiser dans le cadre d’un roman Harlequin générique. Heureusement, la conclusion est plus adroite et amère et offre une morale qui rattrape un peu le reste. Au demeurant, voilà un long-métrage anecdotique sur un sujet pourtant épineux et que la plupart des nombreux films sortant sur le sujet depuis quelques années traitent de manière moins hypocrite et gentillette. De la guimauve du dimanche soir en somme, davantage à destination des cinéphiles féminines peu regardantes.

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