James Bond et le Postiche des Années 80
L'existence de cet opus serait trop longue à expliquer. Juste le résultat d'un litige de producteurs sur les droits du personnage dans l'excellent opus de 1965 dont Never Say Never Again est le remake avoué. Irvin Kershner (ô Irvin Kershner), le réalisateur à qui nous devons tous le plus grand respect réalise un James Bond au regard bien parodique, résolu à se moquer des directions que la franchise a pu prendre lors des années 70, et qu'elle continue durant ces années 80.
James Bond est donc vieux, Sean Connery n'ayant jamais voulu caché son âge, il semble prendre un joie particulière à revisiter le mythe qu'il a créé, qui l'a créé aussi, et qu'il a par la suite exécré, il avait d'ailleurs dit: "Plus Jamais". 007 ne fait plus le poids, mais s'il garde un certain cynisme quant aux entrainements qu'on lui impose, il se voit tout de même envoyé en clinique de remise en forme. Indiscipliné au possible, son métier lui a aussi appris à cacher ses meilleurs atouts, comme du caviar, du foie gras et de bonnes bouteilles dans sa valise pour aller prendre du bons temps avec les jolies infirmières du coin. Mais voilà, un patient attire son attention, et le voilà pris en combat à mains nues face à un colosse dont la force n'est pas à démentir, puisque que c'est Pat Roach, inoubliable adversaire d'Indiana Jones dans Raiders Of The Lost Ark...flairant les affaires louches après cette bagarre dont il sort victorieux, Bond revient au MI:6, pour se rendre compte que deux ogives nucléaires ont été dérobées. Un petit tour chez Q, qui lui offre ses meilleurs gadgets, semblant assez triste de ne plus voir ce cher 007, détruire le moindre de ses inventions.
Remontant la piste jusqu'à la soeur du voleur désormais défunt. Il se voit débarquer dans le sillage de Maximilian Largo, mais surtout dans le collimateur du SPECTRE. Chanceux comme il est, la piste est aux Bahamas, soit un bon prétexte pour la pêche à la gueuse. C'était sans compter le MI:6 qui lui envoie son agent du coin, un certain Nigel, incarné par Rowan Atkinson...oui, Rowan a joué dans un James Bond, ce qui nous permet une ou deux séquences très drôles, dont Sean Connery ne semble pas se priver. Réchappant de justesse à un embuche semée par la fatale Fatima Blush, Bond revient à la charge à Nice, où il retrouvé ses adversaires, joue aux jeux vidéos avec le méchant, soit une alternative très habile à l'éternelle partie de carte, il gagne et danse un tango endiablé avec une Kim Basinger aussi belle qu'habillé à la mode de l'époque. Bond dragouille la jeunette, mais se voit pris en chasse après la fête par Fatima Blush, qui nous fait une crise d'égo avant de mourir, armée et menaçant Bond de mettre par écrit qu'elle est le meilleur coup qu'il ait jamais tiré, ce à quoi, humour oblige, il répond qu'il a bien connu une fille à Philadelphie qui...non, il va écrire, mais le stylo explosif lui permet de s'en sortir, déflagrant ainsi la fille de mauvaise vie. Pendant ce temps, La blondasse est néanmoins dans un sacré pétrin, trahissant son méchant d'ami et d'amant pour aller forniquer avec le viok au service de sa majesté, elle se voit vendue à des marchants d'esclaves en Afrique Du Nord, avant d'être sauvée in extremis par Bond qui utilise à bon escient un nouveau gadget, la montre Laser si mes souvenirs sont bons. Et nous voilà en route vers le climax, allant droit vers le combat final à bord de jet packs. Un Climax dans des ruines antiques qui se terminent sous l'eau, et Kim Basinger en combinaison qui sait bien viser au harpon, se débarassant de l'immonde Largo.
La grande qualité de Jamais Plus Jamais est son regard sur la saga, se moquant de l'âge clairement avancé de Roger Moore dans le rôle, et aussi codes aussi sympathiques qu'hallucinants de la saga. Le film est daté et ne bénéficie pas des remastérisation incessantes propres aux officiels de la franchise, ce qui ne joue pas en sa faveur. Kershner est néanmoins un réalisateur à la mise en scène moderne, et en avance sur son temps, dont les seuls bémols visibles s'apparente à des restrictions technologiques propres aux époques de ses films. Connery s'amuse comme un fou et c'est non sans mal qu'il a du s'exclamer : "Never Say Never Again"