Je classe les biopics en deux catégories: les biographies froides, sans âme, et ceux qui vous remuent, vous font vivre l'histoire du personnage si intensément que vous en venez à éprouver réellement les émotions des protagonistes.
Inutile de préciser dans quelle catégorie je classe cette oeuvre, tant je me suis souvent retrouvé proche des larmes, senti euphorique ou empli d'une infinie tristesse au cours de la séance.
L'avantage de ce film, c'est que je ne vais pas avoir besoin de me creuser la soupière pour éviter de spoiler, vu qu'on sait tout à l'avance, du fait notamment d'une bande-annonce certes superbe mais qui raconte toute l'histoire. Mais il est évident que l'intérêt d'un tel film ne réside pas dans son scénario, prévisible au point d'enlever tout suspense. La véritable force de ce film réside dans sa puissance émotionnelle, et son souflle presque, allez, j'ose le mot, épique. On pressent les événements une heure à l'avance, mais cela ne nous empêche pas de nous retrouver dans un état de tension indescriptible pendant les compétitions, et d'exploser intérieurement de joie quand la victoire est au bout.
Cela tient autant à la réalisation, impeccable malgré quelques parti-pris discutables (je ne serai décidément jamais un adepte des ralentis), qu'à la performance formidable des acteurs. Guillaume Canet bien sûr, qui s'est énormément investi dans ce film, mais surtout Daniel Auteuil qui, s'il a tourné un nombre inavouable de navets, interprète ici de façon magistrale un père aimant et animé d'une formidable passion pour les chevaux et la réussite de son fils. C'est lui qui donne son âme au film, qui selon moi est bâti au fond autour de lui et non du personnage de Pierre Durand.

Je ne peux malheureusement rien dire sur la fidélité des scènes d'équitation, n'étant absolument pas versé dans cette discipline, cependant j'ai tendance à regretter que le cheval ne soit pas plus mis en avant. On sent bien que tout le scénario est braqué sur les personnages humains, et que le cheval n'est considéré, malgré les efforts de la gracieuse et fière Lou de Lâage, que comme un produit dont se sert le cavalier pour parvenir à la gloire. Cela n'était probablement pas le but, mais c'est malgré tout ce que j'ai ressenti une bonne partie du film, même si la dernière partie rectifie quelque peu le tir sur ce sujet.

Un vrai coup de coeur, d'autant plus appréciable que je ne m'y attendais pas du tout, même si j'avais été particulièrement séduit par la bande annonce qui, détail qui ne trompe pas, m'a donné des frissons lorsque je l'ai revisionnée après avoir vu le film. Elle contient d'ailleurs la plus belle piste d'un BO dont le souffle accompagne magistralement le film.

Créée

le 16 mars 2013

Modifiée

le 16 mars 2013

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lavoisier

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