Jason était mort mais il est vivant et il va te tuer

Revisionnage (dix ans après).


Nous sommes en 1986. La tentative l’année précédente de substituer à Jason un nouveau tueur (Vendredi 13, chapitre V : Une nouvelle terreur) ayant échoué, il est entendu que Jason Voorhees doit être ressuscité. Et il le sera – dans un mode opératoire évoquant le monstre de Frankenstein –, plongeant par là même la franchise dans le fantastique. A partir de ce sixième opus, Jason sera désormais immortel (et s’il sera mis hors d’état de nuire à la fin de chaque nouveau film, il sera systématiquement réactivé au début du suivant). Fini le sauvage mystérieux, Jason sera désormais un zombie. Ce qui entre nous ne change pas grand-chose au bordel, vu que même lorsqu’il était mortel, il faisait déjà preuve d’une force et d’une résistance surhumaines.


Son meurtrier Tommy Jarvis est lui aussi de retour, interprété par son troisième acteur en trois films (John Connor rigole), dans cette nouvelle aventure ignorant curieusement le final du film précédent (qui voyait Tommy péter une durite et prendre la succession de Jason). Hélas, Thom Matthews ne s’avère pas beaucoup plus charismatique que son fadasse prédécesseur, mais allez, ce n’est pas non plus comme si la franchise nous avait habitués jusque-là à de belles performances d’acteurs. Donc bon. Faut en prendre son parti. Et en parlant de ça, j’ai vraiment été perturbé pendant tout le film par l’acteur interprétant le commissaire (l’inconnu au bataillon David Kagen), qui, moustachu, a vraiment la même trombine que JK Simmons en JJ Jameson (et me dites pas que je suis le seul à y avoir pensé !).


Sinon, que dire du bousin ? Eh bien le film inaugure le deuxième âge de la franchise, caractérisé par son intrusion frontale du fantastique (soit), mais aussi par une bouffonnerie et une ironie croissantes au fur et à mesure des épisodes. Il est désormais acté que Jason Voorhees fait partie intégrante de la pop culture – ce qui s’annonce sans complexe dès le générique d’ouverture, qui parodie le gunbarrel de James Bond (si si !) – et à ce titre, les vannes sont ouvertes : l’humour est quasiment omniprésent (chose impensable jusque-là, certains personnages s’autorisent même à blaguer face à Jason – avant d’y passer, dieu merci), la violence devient outrageusement cartoonesque (Jason arrache un cœur d’un coup de poing, tranche trois têtes d’un coup de machette, fait un smiley sur un arbre en y explosant la tête d’un type, imprime en relief la gueule d’une meuf contre une porte métallique), on balance du Alice Cooper pour le peps (le ki-ki-ki-ma-ma-ma ne suffit plus, dirait-on), on fait entrer en fanfare dans la franchise les enfants (pas un seul ne sera ne serait-ce qu’effleuré par Jason, s’agirait pas non plus de risquer d’être subversif), bref… vous l’aurez compris, on change de ton…


Ce qui, tout compte fait, n’est pas si mal – voire salutaire, en fait. Les cinq premiers opus échouant tous à instaurer une quelconque tension, il était peut-être grand temps effectivement de changer sa machette d’épaule et de tenter le divertissement décomplexé et crétin. Parce que si la franchise n’y gagne certes pas grand-chose, elle n’y perd clairement rien. Alors soyons fous. Et tant pis si ça ne ressemble toujours pas à du bon cinéma, parce que c’est déjà moins chiant.

ServalReturns
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le 18 avr. 2020

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