Jean-Claude Van Damme a galéré longtemps avant de devenir une star de films d'action. Mais au milieu des 90's, sa vie part en cacahuètes : l'alcool, la coke, le divorce, le remariage, un contrat en or avec Universal qu'il balaie d'un revers car il veut être payé davantage, les frasques, les bides commerciaux et bien évidemment les déclarations télévisuelles utilisées encore aujourd'hui pour se moquer de lui. Quand JCVD arrive, il est sobre, s'est remarié avec Gladys Portugues et malgré les films réussis de Ringo Lam (Replicant et In hell, 2001-2003) et une apparition remarquée dans Narco (Lellouche, Aurouet, 2004), il peine à trouver des films à la hauteur de son talent.


Le projet arrive à point nommé, d'autant qu'il peut lui permettre de montrer ses talents d'acteur et pas seulement ses prouesses physiques. Le français Mabrouk El-Mechri s'intéresse au projet et Van Damme lui dit banco après avoir vu son premier film Virgil (2005).


El-Mechri signe un film crépusculaire où le gris prédomine à travers une photo pas loin du noir et blanc. La seule réelle scène d'action est celle qui ouvre le film, sublime plan-séquence montrant Van Damme sur un tournage. Malgré le vieillissement évoqué juste après la scène, l'acteur confirmait qu'il était encore capable de savater des bonhommes à une époque où son concurrent Steven Seagal se contentait de doublures depuis bien longtemps pour aller d'un point a à un point b.


Après cela, embarquez dans la vie sensationnelle des Muscles de Bruxelles entre divorce, surmédiatisation pénible et braquage de bureau de poste. Sans compter l'appropriation que certains se font des stars, à l'image de la chauffeuse de taxi (Jenny De Chez) prenant la mouche suite à une remarque de l'acteur qui n'allait pas dans son sens. JCVD apparaît comme une véritable satire du star system, où la star passe de l'adulation à la détestation en quelques minutes, où le public se fait une idée d'une personnalité sur des bribes d'informations pas forcément justes, ni très précises.


La mise en abyme sonne juste et n'apparaît pas comme un exercice de style bateau pour faire un film concept (cf Jean Philippe). Bien qu'il s'agisse d'une fiction, JCVD sent le vécu de partout et atteint son paroxysme dans un moment suspendu permettant une confession fracassante. L'acteur fait le bilan, avoue ses ratages, mais aussi ses réussites. Les talents d'acteur de Van Damme ne datent pas de 2008, ils étaient déjà présents dans une bonne partie de ses films, notamment ceux tournés avec Lam ou Peter Hyams (Timecop et Mort subite, 1994-1995). Ici il signe une performance forte et sincère.


Outre la chronique du star system, le côté polar fonctionne pleinement, avec une situation de crise exploitée du mieux possible par le réalisateur jusqu'à une violence soudaine. François Damiens est parfait en policier dépassé par la situation. Probablement le personnage le plus humain du film avec le braqueur joué par Karim Belkhadra.


Malgré une médiatisation indéniable et de bonnes critiques ici comme ailleurs (Nic Cage approuve), JCVD s'est planté en France (163 111 entrées). Une injustice pour ce film incroyable qui n'a pas permis à l'acteur de rebondir. Idem pour El-Mechri qui en viendra à se tourner vers la télévision après une mauvaise expérience américaine (Sans issue, 2012).

Borat8
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le 21 déc. 2019

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