Le déserteur.

Durant la première guerre mondiale, un convoi est stoppé à cause d'un bombardement non loin de là. Profitant de cet arrêt forcé, un soldat, joué par Jean-Pierre Aumont, décide de quitter son unité durant quelque temps, environ une heure, afin de retourner à son village natal situé tout près et revoir ses parents ainsi que sa fiancée.

Le premier titre du film, avant un changement imposé par la censure, était Le déserteur, car c'était perçu comme trop violent vis-à-vis des soldats. C'est pourtant le risque que va prendre le soldat Aumont, dans un récit en quasi temps réel, soit une heure, où il revenir chez lui. Au départ, le film peut faire une fausse impression, car lors de l'arrêt du train, on peut voir à quel point tout le monde joue faux, la mise en scène est statique, ça fait peur. Puis, à l'arrivée au village, cela devient mobile, on sent une gouaille, et surtout, le premier plan où apparait Corinne Lucher, la fiancée, est formidable ; on dirait un ange tombé du ciel. D'ailleurs, il faut dire que cette comédienne est étonnante car elle un peps, un tonus, une verve qu'on ne voyait pas souvent chez les jeunes actrices de l'époque : son destin tragique fait qu'elle n'aura tourné qu'une dizaine de films, mais elle marque déjà celui-ci de sa présence.
C'est également une histoire sur l'autorité parentale bafouée, avec la présence d'Edouard Delmont, un acteur fétiche de Marcel Pagnol, mais ici sévère contre son fils, et qui refuse cette fiancée qui ne leur apporte que des ennuis. D'ailleurs, Michel Aumont est peut-être un peu fade devant tous ces acteurs et actrices de talent.

Il n'empêche que Je t'attendrai (la dernière réplique du film) est une très bonne surprise, à la fois vivante, et qui permet de mettre un coup de projecteur sur cette actrice épatante qu'était Colette Lucher.